"La vie après la vie" Raymond Moody

 

      Médecin et docteur en philosophie, Raymond Moody a recueilli pendant plus de vingt ans les témoignages de personnes ayant vécu une NDE (Near Death Experiences, ou expériences aux frontières de la mort). Ses travaux lui ont inspiré cet ouvrage de référence sur l’après-vie.

   

Du chapitre : Frontière ou limite

     Cela m’est arrivé au moment de la naissance de mon premier enfant. J’étais enceinte depuis huit mois quand j’ai fait ce que le médecin a appelé une grave intoxication ; il m’a conseillé de me faire admettre à l’hôpital, où il pourrait provoquer un accouchement prématuré. Tout de suite après la délivrance, j’ai eu une très forte hémorragie que le docteur a  eu beaucoup de peine à juguler. J’étais très consciente de ce qui se passait, ayant moi-même été infirmière, et je me savais en danger. C’est alors que j’ai perdu connaissance et j’ai commencé à percevoir un bourdonnement désagréable, comme une sonnerie. Puis je me suis vue transportée à bord d’un bateau, d’un petit navire voguant vers l’autre rive d’une grande étendue d’eau. Là-bas, de l’autre côté, j’apercevais tous ceux que j’avais aimés et qui étaient morts – ma mère, mon père, ma sœur et d’autres. Je les voyais, je voyais leur visage, exactement comme ils avaient été sur la terre. Ils me faisaient signe de venir les rejoindre, et moi je me répétais : « Non, non, je ne suis pas prête, je ne veux pas mourir, je ne suis pas prête à partir… »
     Tout cela constituait une expérience des plus étranges parce que pendant tout ce temps je n’avais pas cessé de voir les médecins et les infirmières qui me donnaient des soins, mais c’était plutôt comme si j’étais une spectatrice et non pas cette personne, ce corps, dont ils s’occupaient. J’essayais de toutes mes forces d’avertir le docteur : « Je ne vais pas mourir ! » mais personne ne m’entendait. Tout, les médecins, les infirmières, la chambre de travail, le bateau, l’eau et le rivage au loin, tout cela se mélangeait étroitement, comme si les images se superposaient les unes aux autres.
     Enfin, mon embarcation était sur le point d’atteindre l’autre rive quand, brusquement, elle fit demi-tour et rebroussa chemin. Je parvins à attirer l’attention du médecin, à qui je disais : « Je ne vais pas mourir », et c’est alors, je crois, que j’ai repris conscience. Le docteur m’a expliqué que je venais de faire une hémorragie consécutive à mon accouchement, que j’avais failli y rester, mais que dorénavant tout irait bien.

     A la suite d’une crise cardiaque, je suis tombée dans un grand trou noir. J’avais abandonné mon corps physique et, certaine que j’allais mourir, j’ai pensé : « Mon Dieu, j’ai toujours agi du mieux que j’ai pu ; je t’en prie, aide-moi. » Tout de suite, l’obscurité s’est dissipée, remplacée par une lueur gris pâle, et j’ai continué à avancer en me laissant glisser rapidement. Devant moi, au loin, il y avait un brouillard grisâtre vers lequel je me hâtais, mais il me semblait que je n’y arriverais jamais assez vite à mon gré ; parvenue tout près, j’ai commencé à entrevoir qu’au-delà du brouillard, il y avait des gens ; leur apparence était exactement comme sur terre ; et je discernais aussi quelque chose qui ressemblait à des immeubles. Le tout était imprégné d’une lumière splendide, d’une luminosité d’un jaune d’or très vif, mais plus claire, pas comme la couleur crue de l’or que nous connaissons ici-bas.
     A mesure que je m’approchais encore davantage, j’eus la certitude que j’allais traverser ce brouillard. C’était une sensation de joie formidable ; je ne peux pas trouver de mots pour l’exprimer. Pourtant, mon heure n’était pas encore venue, probablement, puisque tout à coup, comme sortant de la brume, voilà que j’ai vu surgir mon oncle Charles, mort depuis des années. Il m’a barré le passage en disant : « Il faut t’en retourner, tu n’as pas achevé ton ouvrage sur la terre ; retourne sur tes pas maintenant. » Je n’avais aucune envie de repartir, mais je n’avais pas le choix : dans l’instant même, j’avais retrouvé mon corps, avec cette douleur affreuse dans la poitrine. Et j’entendis mon petit garçon qui pleurait en disant : « Mon Dieu, fais que maman revienne ! »

 

 

Du chapitre : Confirmations    

      La question qui se pose alors tout naturellement est celle-ci : est-il possible d’acquérir des preuves formelles de la réalité de ces expériences, indépendamment des descriptions fournies par les sujets ? Nombreux sont ceux qui affirment être demeurés séparés de leur corps pendant des périodes assez longues et avoir assisté durant ces intervalles à des évènements précis qui se déroulaient dans le monde physique. Ne pourrait-on pas confronter ces récits avec ceux d’autres témoins dont on sait qu’ils étaient présents sur les lieux de la scène ; ou bien avec d’autres faits ultérieurs venant les corroborer afin d’en obtenir la confirmation.
     Dans un  nombre appréciable de cas, pour surprenant que cela puisse paraître, la réponse à cette question est : oui. Qui plus est, la relation des faits observés durant la décorporation supporte fort bien cette mise à l’épreuve. Plusieurs médecins, par exemple, m’ont dit leur stupéfaction lorsque des malades dépourvus de connaissances médicales se sont révélés capables de décrire minutieusement, et correctement, les procédés utilisés aux cours des tentatives de réanimation, alors même que ces tentatives avaient eu lieu durant l’espace de temps où les spécialistes avaient constaté la « mort » du  patient.
     En plusieurs occurrences, des personnes m’ont raconté comment elles avaient étonné les médecins et d’autres assistants en leur rapportant des faits qu’ils avaient observés au cours de  leur séjour hors de leur corps. Une jeune fille, entre autre, se trouvant à l’article de la mort, quitta son corps et s’en alla ainsi dans une pièce voisine où elle trouva sa sœur aînée en larmes et répétant : « Oh ! Kathy, je t’en prie, ne meurs pas ! Je t’en prie ne meurs pas ! » La sœur en question demeura bouche bée lorsque, plus tard, Kathy lui dit exactement où elle se trouvait à ce moment-là et lui rapporta fidèlement les paroles qu’elle avait prononcées.