Toi, mon fils

 

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     Tu es arrivé comme un don du ciel et lorsque tu es apparu, un commentaire du médecin accoucheur : « est arrivé très vite ! » Oui, tu semblais tout surpris de ton « atterrissage » si rapide...

     Tu étais un petit garçon doux et éveillé. Sur les photos, tu es souvent entouré de ton frère et de ta sœur qui te protégeaient et t’aimaient. Tu étais toujours souriant, de bonne humeur, gentil avec ton entourage et tu captais souvent l’attention de tes camarades ou celle des personnes que tu côtoyais.

     Tu as toujours été curieux de tout ; tout t’intéressait, ce qui se passait autour de toi, les petits problèmes de société comme les grands problèmes de l’humanité ; tu avais des idées sur tout. J’aimais à discuter avec toi devant le café du midi, ou bien le soir lorsque nous restions après dîner, attendant ton père ou ta sœur rentrant du travail. Je n’avais qu’à formuler un thème, te poser une question, alors la conversation devenait aussitôt intéressante. Tu acceptais le débat mais tu voulais souvent avoir raison… Mais quoiqu’il en soit, tu avais toujours une idée sur la question. Quel régal de discuter avec toi !

     Très tôt, à l’école, tu te distinguais par ta capacité à créer une bonne ambiance. Tes maîtresses ou tes professeurs avaient toujours des éloges à faire à ton sujet. Ils appréciaient ta gentillesse envers tes camarades, ta spontanéité, ton écoute, ton aide. Même ceux qui, au début, semblaient éviter ta compagnie, tombaient sous ton « charme » et un jour ou l’autre  s’arrangeaient pour discuter avec toi. Alors tu étais très heureux et tu me faisais partager ton bonheur car pour toi, être reconnu par eux était une grande fierté. C’est pour cela que tu n’hésitais pas à te présenter comme délégué de classe et que tu étais toujours élu. Tu prenais ton rôle très à coeur car tu aimais à aider, à encourager, à prêter une oreille attentive quand quelqu’un avait un problème. C’est ainsi que parfois tu devenais son confident même s’il arrivait que le secret fût lourd à porter…

     Ci-après, un commentaire de ton institutrice de CE 2 :
« Thomas-Mary est un élève intéressant et intéressé à toutes les propositions faites en classe. C’est un enfant gentil et doux qui aide à créer une belle vie de groupe. Il est reposant, et apaise certains. C’est bien !... »

     Je me rappelle aussi le commentaire d’un professeur de seconde me disant que la classe où tu étais entré était réputée comme très difficile du point de vue discipline. Malgré tout, tu en étais devenu délégué et une nouvelle fois tu avais « apaisé » certains de tes camarades. Tu étais heureux de me dire qu’au fil des trimestres ta classe était devenue plus attentive, moins chahuteuse.

     Après le bac, tu t’es tourné vers des études de pharmacie mais celles-ci ont été de courte durée puisque durant la première année tu t’es pris de passion pour l’informatique et surtout la création de sites. Ta grande admiration pour la chanteuse canadienne Loreena Mc Kennitt * et l’absence de site français en son endroit, eurent vite fait de changer ton parcours : l’école de l’image des Gobelins, l’université Paris 8, free-lance puis rencontre avec celui qui allait devenir ton ami et associé pour la création de votre entreprise. Le destin ne t’aura pas permis cette signature qui devait avoir lieu la semaine suivant ton « départ. » Ce dimanche de juin 2005, en visite chez ton frère, tu es parti discrètement, comme tu as vécu…

 

- ta chanson préférée : Dante’s Prayer

                                                       

 

 

 

TOI PAR TES AMIS 

 

    Chaque début de mois, tu avais hâte de retrouver tes amis du Paris Carnet (rencontres chaque premier mercredi du mois pour discuter autour d’un verre) et y faire également de nouvelles rencontres. Tu aimais les relations amicales qui se tissaient lors de ces soirées. Ci-après les magnifiques témoignages de quelques-uns de tes amis de Paris Carnet.

 

L – J’ai rencontré Thom’ pour la première fois à mon premier Paris Carnet. Septembre 2003. Sa gentillesse et son accueil envers la newbie un peu déjantée que j’étais alors (toujours ?) avaient largement contribué à faire des Paris Carnet une étape presque systématique de mes mois. De mois en mois, nous nous retrouvions, nous nous bisions, nous papotions, nous échangions musique, livre, coups de gueule et coups de cœur. Nous avions prévu de profiter des beaux jours et du désert parisien de l’été pour nous trouver une terrasse et un coca frais, et faire un inventaire croisé de nos livres cultes.
Thom’ ne se plaignait jamais. Thom’ n’évoquait jamais sa santé. Thom’ acceptait les autres tels qu’ils étaient, et demandait juste qu’on lui rende la même tolérance.
     Thom’ aimait rire. Thom’ aimait lire. Thom’ aimait les potirons. Thom’ adorait son boulot et se battait pour réussir. Thom’ se battait tout court.
     Thom’ est mort d’une crise cardiaque à 23 ans. 23 ans, nom de d…J’avais prévu de squeezer Paris Carnet demain pour de sombres histoires de boulot, de rendez-vous pro à l’aube et de boss férocement matinal, contrairement à d’aucune.      Demain, j’irai, comme beaucoup d’autres, lever mon verre à l’arrivée de Thom’ au paradis des geeks et des blogueurs.
Tu vas nous manquer.

 

G – C’était une personne que j’avais plaisir à rencontrer régulièrement, le temps de partager des petits plaisirs de lecture, plaisirs d’écriture, plaisir de rencontres. J’entends encore sa voix et son rire qui résonnent. Je suis triste.

 

A – Thomas-Mary n’est plus.
     Nous avions à peine échangé quelques mots, mais partagé de grands sourires. Il faut dire qu’il avait un sourire merveilleux cet homme-là. Au dernier Paris Carnet, je ne l’ai pas vu, je le sais bien, car je l’avais cherché. A chaque fois, nous n’avions pas le temps de parler – je suis du genre potiche asociale – alors que nous nous étions croisés de nombreuses fois, et je ne sais pas trop pourquoi, mais cela me gênait de ne jamais papoter avec lui. Mais je ne l’ai pas vu, et j’ai oublié. La semaine dernière, en cherchant une photo où je posais avec « spontex » (que je n’ai toujours pas trouvée) j’ai parcouru la quantité de clichés de Paris Carnet. Et je suis tombée sur une photo de lui (je ne sais plus où) je me suis souvenue que j’étais bien décidée à enfin converser ! Et puis voilà, je ne le ferai plus, car il n’est plus. Je sais que cela ne sert à rien, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que j’aurais pu faire autrement, j’aurais dû lui parler…Fais chier la faucheuse… Adieu Monsieur Thomas-Mary au sourire lumineux… et toutes mes pensées accompagnent vos proches
.

 

C – *In memoriam*
     Y’a des gens que l’on voit, avec qui l’on discute, mais à qui on a encore des trucs à dire lorsqu’on les quitte. On se dit que ce n’est pas grave, que ce sera pour la prochaine fois. Mais parfois, il n’y a pas de prochaine fois. Il ne reste plus qu’à les regarder partir. Je ne sais pas qui viendra au prochain Paris Carnet, mais je sais déjà qui manquera…
     Adieu, Thom’

 

I – Pour cette fois au moins, j’aurais vraiment aimé être présente en l’honneur de Thomas-Mary. C’est une personne que j’avais particulièrement appréciée pour sa finesse d’esprit et la qualité d’écoute dont il faisait preuve lors des conversations à Paris Carnet. Malheureusement, je ne pourrai  pas être là. Mais je serai de tout cœur avec les bloggers de Paris Carnet dont il était un des fidèles, et je penserai à lui.

 

C – Le mois dernier, quand Tatou m’a dit qu’il était mort, je n’y croyais même pas. Je savais qu’il était assez fragile, mais plus par observation qu’autre chose. C’est la deuxième personne, après François, que j’ai rencontrée au Paris Carnet… et il était véritablement d’une grande gentillesse et d’un grand intérêt dans ses paroles comme dans son écoute.

- C’est sans doute le genre de mauvaise nouvelle qu’il n’est jamais agréable de bloguer. Discret sur ses problèmes, amateur de musique bizarre… le plus souvent souriant et heureux d’être là, Thom’ était l’un des bloggers parisiens avec lequel j’ai toujours eu plaisir à discuter à chacun de mes Paris Carnet. (anonyme)

     J’ai souvent reçu Thom’ à la maison et nous l’adorions tous pour sa gaieté et sa gentillesse.
A mon ami dont la pureté restera gravée dans nos cœurs.
(maman d’une amie)

 

     Mais encore, des amis de cœur qui comptaient tant pour toi, je citerai pêle-mêle, Séverine, Lisa, Myriam, Christophe, Laurent, Guillaume, Vân Anh, Cédric, Romain, Olivier, Fred, Yazo et tant d’autres…

 

     Je me souviens de ton soutien lorsque j’ai monté mon cabinet. Il y aura toujours une place et une pensée pour toi (ta kiné).

 

     La lettre suivante résume bien, je crois, ce que tu représentais  pour tous tes amis :

     «Jamais je ne l’oublierai. La douleur est là, présente. Celle qui me fait comprendre que c’est fini. Je n’arrive pas encore à y croire. Jamais plus je ne le verrai. Jamais plus je ne rirai avec lui. Rares sont les personnes douées de tant de cœur, d’attention, de rage de vivre. Ce n’est pas lui qui aurait dû partir. La tête pleine de pourquoi, les yeux pleins de larmes, je ne comprends toujours pas.  Je me souviens… Il fut l’une des premières personnes que j’ai rencontrées au Paris Carnet en 2003, déjà. Nous avions en commun cette même sensation de manquer toujours de temps pour découvrir ce qui s’offrait à notre portée.
     Nous sommes allés ensemble aux concerts des Nouveaux Héros. Nous avons partagé les sièges du Sénat le temps de conférences. Nous aimions à discuter des choses légères ou graves, de ces mêmes sensations de vie qui part en avant.
Il a été un des premiers lecteurs de ma nouvelle. Il a été un compagnon d’expositions, de soirées. Il m’a fait découvrir Alessandro Baricco.

     Je me rends compte combien il avait pris de place dans ma vie. Sa chaleur, son humour, lui, tout simplement lui. Je n’aurai plus des mails, plus ses lettres, plus de rires, plus de partages des dernières découvertes. Plus que sa cruelle absence. Je n’arrive pas à effacer son numéro en me disant qu’il n’y aura plus personne… »

 

     Une autre lettre très touchante d’une autre amie très proche :

     «C’est un être au-dessus de la moyenne des normes de bonté et d’intelligence qui nous a quittés. J’ai connu Thomas-Mary au collège et j’ai pu apprécier la pureté de ses sentiments qu’il ne m’a révélés que des années plus tard. Il avait un côté très profond (et on lisait dans ses paroles le fruit de ses réflexions) et en même temps une joie de vivre étonnante et communicative.
     Les difficultés qu’il a traversées, les épreuves de toutes natures qu’il a vécues n’ont pas altéré son courage et sa volonté. On ne lui a pas forcément rendu autant qu’il a donné. Il a dû en souffrir, c’est certain, mais je n’ai jamais entendu de sa bouche un mot d’amertume ou de mépris. Il n’a pas joué les victimes du destin, il a orienté sa vie selon ses choix et ses réflexions. En cela, il est aussi un exemple pour tous. Quelle Force !

     Il me faisait lire ses textes, et j’y découvrais un peu plus de lui dedans. Il avait une double recherche entre scientifique et spirituelle guidée par ses expériences. Je crois qu’il a donné à tous ceux qu’il a rencontrés l’occasion de se dépasser, de devenir meilleurs et de recevoir beaucoup.
     Ceux qui ont su s’ouvrir à lui ont dû tout comme moi recevoir le centuple de leur don. Je suis persuadée qu’une vie extraordinairement belle attend l’âme de notre cher Thomas. J’ai la certitude que la « mission » qu’a été sa vie a été accomplie avec succès et que de grandes récompenses l’attendent… »

 

     Une autre de tes amies complète ton portrait en parlant de tes projets…

     «Thom m’avait paru plein de projets, plein d’espoir en l’avenir. Je pense ne l’avoir pas connu aussi bien que ces derniers temps… Il avait tant de choses à accomplir. Il avait réussi à faire taire ses vieux démons, surmonter en partie son passé pour ne plus regarder en arrière, pour enfin avancer vers l’avenir sans trop de doute, sans trop de peur.
     Je lui suis reconnaissante de ces presque cinq années que nous avons passées côte à côte. Il m’a beaucoup aidée dans les mauvais moments…

     Nos longues discussions, même si elles devenaient plus rares avec nos engagements respectifs ces derniers mois, me manqueront. Il va m’être difficile de retrouver un ami cher comme il m’était. Il me manque et il manque à nous tous qui le connaissions, anciens des Gobelins, de la fac, du travail… toutes les personnes qui le connaissaient m’ont témoigné leur peine, et je suis heureuse pour lui de voir combien nous lui étions tous attachés.
Il vivra toujours dans nos cœurs… »

                                                               

     Je ne terminerai pas cette rubrique sans parler de ton ami et « binôme » (c’est ainsi que Christophe t’appelait) avec lequel tu avais bâti ce grand projet d’avenir et qui devait se réaliser la semaine qui a suivi ton départ.

Voir : http://www.neoma-interactive.com