Les "Lettres de Pierre" Extraits tome 1

 

     

Du chapitre INITIATION

 

                                                                                                    7 Septembre 1918

               Chère Maman,

     Le rêve que tu as fait la nuit passée, était l’expression de notre tendresse réciproque… elle a pris la forme naturelle qui vient de toi ; tu m’as vu blessé, t’appelant, ayant besoin de toi… et tu te penchais vers moi pour panser mes blessures ! La signification de ce rêve, la voici : nos tendresses continuent à se rechercher, à s’appeler, à se manifester malgré le voile qui nous sépare. Le plus souvent, pendant ton sommeil tu viens me rejoindre ; vous ne vous souvenez plus, au réveil, de ces réunions que le sommeil facilite : parfois, il en reste une impression indéfinissable, et le désir de l’autre vie – celle que, même au temps de notre chair, nous apprenions à connaître.

     Pourquoi Dieu permet ces incursions dans une autre sphère ? Comment te l’expliquer ? Nous l’ignorons. Pour moi, je crois que c’est afin de donner à l’homme, exilé sur la terre, le courage de continuer son labeur et son effort ; c’est la « permission de détente », pour ainsi dire, aussi nécessaire à l’homme qui est dans la lutte, qu’à ceux qui, actuellement, peinent et souffrent sur la terre. Si le voile retombe ensuite, c’est parce que l’homme, de nouveau exilé, au lieu d’avoir trouvé une force dans son voyage, ne s’en souviendrait que pour gémir de sa condition terrestre.
     Je tâcherai de m’informer auprès de nos maîtres, et je te dirai quelle est leur explication.
     Oui, nous rencontrons constamment sur la sphère où nous sommes, des esprits plus avancés que nous. En résumé, comme pour vous sur terre, tous ceux qui habitent la même sphère ne sont pas au même point d’avancement. Il y a des forts et des faibles, des savants et des ignorants, des actifs et des paresseux. Mais ici, comme autrefois, nous travaillons au Bien, à l’avancement du Royaume de Dieu. Priez donc pour nous – vous le pouvez, vous le devez.
     Il y a plusieurs sphères (plusieurs ciels). Nous devons arriver au pied du trône de Dieu ! Déjà, où nous sommes, toutes choses sont plus belles, plus pures, plus faciles que sur la terre, puisque nous n’avons pas de sens matériels – mais tout ce qui vient de l’esprit peut encore être mauvais, coupable. Donc, aidez-nous, chers bien-aimés ; les grâces que vous demandez pour nous à notre Père, sont des bénédictions.
                                                                                                                                           Ton Pierre

 

 

Du chapitre LA DOCTRINE   

                                           

                                                                                                                                           10 Septembre 1918

               Chère Maman

     Tu demandes ce qu’est à nos yeux la Bible ? La Bible a recueilli quelques rayons du Grand Soleil, pendant des siècles d’obscurité, mais le monde entier est une bible ! Je veux dire « la création ». Intervention de Dieu, révélations, visitations, appels, bénédictions ! Partout, Dieu s’est montré, a parlé.
     Les Hébreux avaient gardé la trace de cette influence du Créateur, et leurs traditions les soutenaient, les empêchaient de laisser tomber une voile sur les faits « merveilleux » - ce qui signifie beaux, non pas étranges, car le Dieu vivant intervient toujours d’une façon qui se peut raisonner : Dieu ne veut pas « étonner » sa créature, mais celle-ci s’est tellement éloignée de Dieu, que les voies du Créateur lui semblent miraculeuses. C’est pourquoi, aujourd’hui, où la race est plus évoluée, elle attend en vain des miracles, c’est-à-dire des évènements incompréhensibles. Tout peut s’expliquer, si l’on se souvient que le Tout-Puissant a créé des lois, et qu’Il s’en sert à sa guise ; c’est cette immensité de sa Toute-Puissance que vous n’avez pas encore réalisée. Les miracles…. c’est-à-dire, l’intervention directe de Dieu… mais ils sont partout ! Quand ils deviennent très évidents, vous dites aussitôt : Le hasard ! Ce mot ne devrait être jamais prononcé par un croyant. Le hasard n’existe pas ! Dites-vous cela.
     Pour en revenir à la Bible, la beauté de ce livre vient de ce qu’il est rempli de la reconnaissance de l’Oeuvre de Dieu. J’entends par là que les Hébreux reconnaissaient la main de Dieu dans leur destinée.
     Les autres peuples étaient également aimés de Dieu ; leur vie était pleine de soi-disant miracles ! Mais leurs yeux restaient fermés à la conscience de cette œuvre divine.
     En résumé, tous les peuples auraient pu écrire une Bible, et la remplir des promesses de Dieu, en ce qui concernait la venue du Christ. Si le Christ est né parmi les Hébreux, c’est justement parce qu’eux seuls avaient conservé la connaissance du vrai Dieu.
     Dieu leur ayant fait la Promesse, a envoyé ses prophètes – c’est-à-dire, « des esprits pour inspirer certains hommes » – et  a maintenu ainsi dans ce peuple, le sentiment de son existence et de sa puissance.


                                                                                                                                         Ton Pierre

 

 

 

                                                                                                                                         13 Septembre 1918

 

     Oui, Maman chérie, je me souviens, comme toi, qu’aujourd’hui est l’anniversaire du dernier Dimanche que nous avons passé l’un près de l’autre quand j’étais sur la terre, car depuis, chère Maman, réalise bien que je prie à tes côtés – réellement à tes côtés – chaque Dimanche, comme tous les autres jours de ta vie. La vie nous séparait, la mort nous a réunis – ce que vous appelez la Mort, et qui est une vie supérieure et belle.
     Non, nous ne repassons pas par la mort, dans les changements de sphères suivants ; ils se font, peu à peu, comme l’épanouissement d’une fleur, qui n’atteindra tout son éclat qu’auprès de Dieu… je veux dire, face-à-face  avec Dieu, quand nous en devenons dignes

     Voilà, petite Maman, ce que je voulais te dire aujourd’hui, pour notre anniversaire : Dieu est amour ; et il faut que ceux qui aspirent à cet amour, aiment d’un amour qui ressemble à celui de Dieu. Quand l’amour sera réalisé sur la terre, sans ombre, sans défaut, sans borne, ce sera alors « la nouvelle Jérusalem », ainsi que l’ange de Dieu a désigné l’Eglise (corps du Christ, Parfait-Amour). Je parle ce langage figuré auquel vous êtes habitués, car vous comprendrez mieux ainsi.
                                                                                                                                         Ton petit Pierre 

 

 

                                                                                                                                         16 Septembre 1918            

               Petite chérie Maman,        

     Je suis content de voir qu’un beau soleil entre dans la petite chambre où j’ai été si heureux. Mais oui, nous voyons le soleil, et les fleurs, et les beaux ciels terrestres ; mais nous sommes environnés de choses bien plus belles encore.     
     Tu demandes comment se peut expliquer, par les lois naturelles du Tout-Puissant, le miracle du passage de la mer Rouge. Le recul de la mer a été un phénomène analogue à certains raz de marée qui, subitement, découvrent une vaste étendue du fond de la mer ; puis le flot revient. C’est ce même principe que Dieu a appliqué, dans sa volonté de sauver les Israélites………….

                                                                                                                                         Ton Pierrot  

 

         

 

                                                                                                                                          19 Septembre 1918

               Maman chérie,

     Si nous vous révélions l’ensemble des lois physiques créées par Dieu, toutes les recherches scientifiques deviendraient inutiles. Or, dans l’ordre moral et dans l’ordre scientifique, Dieu veut l’effort personnel de sa créature.      Représente-toi l’humanité, ayant acquis la « science de toutes choses » mais demeurée à la phase d’évolution morale où elle se trouve actuellement : le monde terrestre deviendrait effroyable ! Non ! En cela comme dans le reste, Dieu veut le progrès amené par la recherche du mieux, puis du bien, enfin de la perfection.
     Dieu a mis entre les mains des hommes une puissance, sans limite d’après le Christ lui-même : la prière, qui est l’appel au Tout-Puissant……………….                                                                                              
                                                                                                                                            Ton Pierre

 

 

 

                                                                                                                                            27 Septembre 1918

               Chère Maman,

     Je t’ai dit que je te parlerais d’Adam et de son évolution. Sur la terre, nous sommes habitués à nous représenter le premier couple humain, que nous appelons Adam et Eve, dans tout l’éclat d’une beauté jeune, incomparable ; mais Dieu n’a jamais procédé de cette façon. Dans la création, tout a un début modeste, embryonnaire, tout se développe, tout évolue. Il en a été de même pour le premier homme. C’est une erreur absolue de croire que l’être humain, dès sa création, n’a pas été d’une autre essence que tout ce qui l’entourait. L’homme n’a jamais été un singe, ni aucune autre créature inférieure, mais, au moment de la naissance de la race, l’homme, comme toute la création, fut un être rudimentaire. Il a évolué, il évolue encore ; vous pouvez vous en rendre compte, en voyant la beauté toute spirituelle de certains regards, et la bestialité matérielle de certains autres……………


                                                                                                                                              Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                                               31 Octobre 1918

              Chère Maman,

     On t’a demandé, chère Maman, ce que faisaient, sur ces premiers plans, les animaux désincarnés que nous avons aimés, que nous retrouvons, qui nous reconnaissent et nous aiment. C’est l’une des questions dont je te parlais. T‘es-tu jamais demandé pourquoi Dieu avait créé ces innombrables organismes différents, qui naissent, vivent, meurent comme nous. Evidemment, Dieu a eu un but ; mais, là comme toujours, nous ne comprenons pas ces manifestations de la volonté créatrice. Ce que je puis te dire, c’est que les animaux qui ont traversé la sphère terrestre, ont ici une vie supérieure à leur première existence. Ils perdent l’asservissement de la matière ; c’est-à-dire, tout comme nous, le besoin de se nourrir et d’engendrer. Ils gagnent de pouvoir s’entretenir avec nous, puisque les animaux pensent (beaucoup plus que nous ne le savons sur Terre) et que la pensée communiquant avec la pensée, est le langage des esprits libérés : cela leur permet de nous comprendre, et de se faire comprendre. Ils entourent notre société de leur affection simple, tout comme sur la Terre. Ils évoluent, eux aussi, et réalisent que l’amour est le but essentiel à atteindre.
                                                                                                                                                 Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                                                  La Toussaint 1918

               Chère, chère Maman,

     La Terre, même pour le positiviste scientifique, est destinée à finir ; cette matière se dissoudra et retournera  au Grand Tout, qui, seul est immortel…….

 

 

                                                                                                                                                2 Novembre 1918

               Chère Maman,

     Il y a autre chose que je voudrais te dire au sujet de ce que tu as entendu : aucun de vous n’a encore entendu la proximité de tendresse qui règne entre vous et nous. Vous savez, vous qui faites profession de croire à la survie, que nous existons, dans ce monde nouveau où la mort nous a placés. Vous admettez que nous pouvons entendre vos prières, prier avec vous ; que nous n’oublions pas les bien-aimés, demeurés en arrière… au fond, vous pensez à nous, le plus souvent, comme à des frères que l’océan sépare, qui restent fidèles, malgré la distance, mais qui vivent leur vie de leur côté, se bornant à vous envoyer, parfois ou souvent, un message et une pensée. Ce n’est pas cela du tout, chère Maman ! En réalité, nous ne vous quittons pas : notre vie se déroule près de la vôtre, et je peux comparer nos occupations et les plans sur lesquels nous devons les pratiquer, au champ de travail d’un ouvrier ; il quitte sa maison et les siens pour s’y rendre, mais revient chaque soir, et reprend la vie de famille.

     Donc, ne craignez pas de nous attendre sur les plans inférieurs, en vivant dans notre souvenir : vous contribuez à la vie du corps infini, dont le Chef – la Tête – est Dieu. Mais n’avez-vous jamais senti, compris, à quel degré ce courant d’amour unit les esprits, d’un monde à l’autre ? Il est bien difficile de vous montrer cet échange de fluides, que rien ne limite si ce n’est l’indifférence et l’oubli, assassins de l’amour.
                                                                                                                                                 Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                 27 Novembre 1918

               Chère Maman,

     Puisque ta pensée s’est arrêtée sur la question de l’Antéchrist, nous parlerons, si tu veux, de ce sujet.
     Les croyants ont toujours voulu personnifier l’Antéchrist, alors qu’il est légion ; de là, viennent toutes les difficultés que vous trouvez à découvrir qui est l’Antéchrist, quelle est, ou sera, ou a été, la période de son passage sur la Terre !
     L’Antéchrist est plus exactement le Mal incarné, pour faire opposition au Bien incarné ; il reviendra aussi longtemps que le Prince du monde (déjà jugé par le triomphe de l’Amour, mais pas encore vaincu, à cause de la puissance du péché, entretenu par la liberté humaine),  fera des efforts renouvelés, ardents, pour s’établir définitivement en souverain sur la création : nous sommes donc tous responsables des victoires de l’Antéchrist………………

     En somme, il faut comprendre que l’Antéchrist existe, et prend possession de certains hommes, de certains peuples, qui deviennent de ce fait des émanations corrompues et corruptrices, mais il n’y a pas un seul Antéchrist.      Vous avez donc pu le voir dans le passé, vous le verrez reparaître dans l’avenir, et vous en avez une formidable représentation dans le moment actuel.
     Ainsi, les prophéties concernant l’Antéchrist ne se rapportent pas à une seule époque, à un seul personnage, mais à des périodes successives où l’Esprit du Mal, accueilli par la méchanceté des hommes, s’installe en quelque sorte, dans un ou des individus, pour lutter contre Dieu et son Christ, en cherchant à exterminer les résultats sacrés, fruits de l’Evangile.
                                                                                                                                               Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                               4 Décembre 1918

               Ma chère Maman,

     Je te parlerai aujourd’hui de la tolérance. La tolérance est un sentiment éminemment évangélique ; je dirai même, (ce qui a un sens plus concret) éminemment chrétien. Or, il en est peu qui soit moins pratiqué par l’Eglise ; je ne parle pas d’une Eglise particulière, mais de toutes les Eglises chrétiennes, quelle que soit leur dénomination. Pourtant, le Christianisme étant la religion de l’amour par excellence, ne sera le christianisme voulu de Dieu et enseigné par le Messie, que dans l’amour. L’intolérance est une des négations de l’amour ; il y a donc lieu de rechercher soigneusement toutes les formes de l’intolérance, puis de les bannir irrévocablement des âmes qui veulent évoluer vers le Bien.

     L’intolérance ignore l’amour, malgré les masques dont elle s’affuble : justice, droiture intransigeante, contrôle du Bien et du Mal – tout cela est une hypocrisie, faite d’orgueil et d’étroitesse. Que deviendrait la créature si faible, sans la tolérance de Dieu qui lui assure le pardon ?... or, le pardon, c’est l’amour.
                                                                                                                                                Ton Pierre

 

 


                                                                                                                                                 5 Décembre 1918

               Chère Maman,

     Après avoir parlé de la tolérance, je traiterai comme sujet : la patience.
     La patience ne peut s’exercer que dans la tolérance et dans la douceur, dans l’acceptation et la soumission. La patience est donc, tout spécialement, un fruit de L’Evangile. La patience est l’une des causes les plus agissantes de la paix… cette paix qui n’est pas seulement celle du monde, mais la paix qui vient de Dieu. Le manque de patience réagit violemment sur l’ambiance, et celui qui se dérobe au devoir de la patience, se charge d’une grande responsabilité vis-à-vis de ses semblables.
     Je ne parle ici que de la patience devant les hommes, mais elle ne peut se séparer de la patience devant Dieu. Celui qui se montre impatient, n’accomplit pas la volonté de Dieu, si même la cause de son impatience est d’origine humaine. Lorsque ce qui agite son être est envoyé directement par la main du Père, l’impatience devient bien plus grave. En effet, ne pas attendre patiemment l’exaucement à une prière, c’est douter de la confiance : la confiance ne peut naître que dans l’amour. La patience, c’est l’amour.
     Qu’il est beau, chère Maman, de pouvoir ainsi résumer tout ce qui est bien, pur, grand, dans l’amour ! Tu sauras y trouver le principe initial du Bien absolu, car le Bien absolu procède de l’amour et aboutit à l’amour – or, l’amour c’est Dieu.
                                                                                                                                                 Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                                                 6 Décembre 1918

               Chère Maman,

     Pour continuer nos méditations sur les côtés pratiques de la Foi, nous choisirons comme sujet : la bégninité... l’indulgence.
     Christ domine de toute la hauteur de son exemple parfait cette vertu que fut la sienne, plus qu’aucune autre peut-être, sans toutefois nuire à sa justice qui condamnait le péché volontaire et l’hypocrisie.
     La bégninité est une des vertus les plus rares chez les hommes de la Terre.
 
     La bégninité contient la tolérance et la patience, et ces trois vertus ne peuvent se développer l’une sans l’autre : Jésus en a été le modèle. Jésus, qui n’a vécu que dans l’amour, Jésus, l’Amour incarné, est Celui qui nous envoie pour vous rappeler quelle fut l’essence  de sa révélation : l’amour. Comme la tolérance et la patience, la bégninité c’est l’amour : or l’amour : c’est Dieu !
     Chère Maman, si tu veux sonder le fond de ton âme, le fond de ton intelligence psychique, (c’est-à-dire, de ta conscience) tu sentiras que, comme ces trois exemples que j’ai été chargé de te montrer, toutes les fleurs les plus belles, qui ont leurs racines dans la proximité de Dieu et viennent s’épanouir sur la Terre, peuvent porter un nom unique, ineffable : l’amour.
                                                                                                                                                  Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                  15 Décembre 1918

              Chère Maman,

     Si tu veux, je te parlerai encore de l’édifice, œuvre de Dieu, et qui est votre âme, votre corps spirituel, en ce qu’il y a de plus spirituel encore que lui-même, car l’âme et l’esprit ne sont pas une même chose : Paul, d’ailleurs, vous a rappelé qu’il y avait en vous trois parties distinctes : l’esprit, l’âme et le corps : en mentionnant le corps, il voulait indiquer la chair, enveloppe de votre être psychique. L’esprit a aussi une enveloppe, mais beaucoup plus immatérielle, fluidique, bien que consistante, reproduction de la première, sujette à se modifier avec la croissance spirituelle du centre, qui est véritablement vous, (je devrais dire nous) c’est l’âme. Il faut donc comprendre que l’esprit est, en quelque sorte, un corps, une forme, et que lorsque nous parlons des esprits, il ne faut pas croire qu’il s’agisse de la communication à l’homme de l’esprit même, ou âme, mais du noyau contenu dans l’esprit ; et que vous entrez en rapport, non pas avec le corps de vos semblables, mais avec la partie spirituelle d’eux-mêmes : leurs pensées, leur âme.
     La pensée vient de l’âme, c’est pourquoi vous devez faire un rapprochement entre l’âme, essence immortelle venue de Dieu, et ce qui, à vos yeux matériels, constitue la vie de la pensée – ce « je ne sais quoi » que vous ne pouvez pas saisir, et qui est votre personnalité……
     L’âme et l’esprit ne peuvent pas se disjoindre ; de sorte que le corps spirituel, l’esprit, (rappelle-toi que j’emploie ce mot pour exprimer l’enveloppe de l’âme) peut survivre un certain temps à la santé ébranlée de son âme. Une âme malade laissera l’esprit subsister, bien qu’allant elle-même de plus en plus vers l’étiolement, prélude de l’anéantissement.
     J’ai voulu te faire comprendre.
                                                                                                                                                     Pierre

 

 

                                                                                                                                                     22 Décembre 1918

               Chère, chère Maman,

     Les hommes sont réfractaires à la religion, parce que le seul sens de la religion du Christ étant l’amour, comme l’altruisme étant une vertu trop rare pour être reconnue, l’humanité, dans sa logique, n’a plus compris ce que lui enseignait l’Eglise, oublieuse de sa raison d’être. L’Eglise devait faire triompher l’amour… l’amour, tel que l’avait apporté son Sauveur sur la Terre en détresse : « Tu aimeras ! » c’était l’ordre du Maître ; « Tu aimeras », c’était le but proposé comme : je « t’ai aimé » était le fondement solide, établi par Dieu. L’Eglise, perdue dans les divisions coupables et inutiles, a négligé son étendard, l’amour ! De là, son agonie, qui vous préoccupe si  gravement. Sur la Terre arrosée de larmes et de sang, l’amour a repris naissance au milieu des hommes. Plus l’adversaire s’est complu dans la haine, plus un nouvel enfantement de l’amour a répondu aux appels des âmes, indignées et déchirées……..


                                                                                                                                                     Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                      23 Décembre 1918

               Chère Maman,

     Je t’ai déjà dit que les miracles remplissent l’existence humaine (encore actuellement), mais que vous ne savez pas les discerner, car le miracle proprement dit consiste souvent dans l’opportunité extraordinaire d’évènements concordant pour amener le résultat désiré ; et cette opportunité est l’œuvre de Dieu !.............


                                                                                                                                                        Pierre

 

 

                                                                                                                    24 Décembre 1918

               Chère Maman,

     Je voudrais te parler du miracle, puisque vient la grande fête du miracle : Noël
     Nous célébrons aussi Noël dans nos sphères, car Noël est une fête pour toutes les âmes, parce que Christ est le Sauveur qui leur a montré le chemin, qui les aime dans la chair et hors de la chair. L’Eglise, invisible à vos yeux, mêle donc ses louanges aux vôtres, et c’est un immense cantique qui monte vers Dieu. Noël, c’est la fête du miracle d’amour et de pardon !...lorsque l’Eglise de la Terre renie ce point fondamental de sa foi (le miracle de Noël), sa vie ne peut que languir, et peu à peu s’éteindre.
                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                    27 Décembre 1918

               Chère Maman,

     Nous prenons part à vos émotions profondes si votre pensée nous y convie. Vous ne devez donc pas avoir l’impression de notre absence ; il suffit de prononcer tendrement nos noms au fond de vos cœurs, et aussitôt nous accourons vers vous. Pour comprendre la rapidité de notre venue, rappelez-vous avec quelle promptitude vos pensées voyagent. Nous, qui sommes esprits, nous avons les mêmes privilèges : nous recevons immédiatement l’appel qui vient de vous, et nous y répondons par notre présence. Je t’ai déjà dit que cette présence consiste en une sorte de rayon, qui émane de notre centre – notre âme – et vous atteint. Votre oubli, votre indifférence, mettent un obstacle matériel à ce rayonnement, et il nous devient presque impossible d’arriver jusqu’à vous, de percer le voile que, dans ce cas, vous tendez entre vous et nous. Il dépend donc de vous que notre tendresse surmonte la mort du corps, et la rende vaine devant le triomphe des forces psychiques.


                                                                                                                       Ton Pierre

 

 

                                                                                                                       28 Décembre 1918

               Mammy dear,

     Poor little mamma, dont be sad, dont cry ! Ton petit Pierre n’est pas séparé de toi, il est au milieu de vous tous ; il vous regarde tendrement, heureux de vos joies. Te souviens-tu, quand j’étais « tout petit », et que tu contemplais mes jeux, jouissant de mon plaisir ? Eh bien ! telle est notre attitude vis-à-vis de vous, chère maman. Vous ne regrettez point les jouets qui suffisent au bonheur des enfants, mais vous prenez votre part de ce bonheur, par amour pour eux………..
     Dans la sphère où j’évolue, chère Maman, tout est harmonie, tout est harmonieux, tout est sérénité, tout aspire à l’Amour, but essentiel de la Création.
                                                                                                                      Ton Pierre

 

 

                                                                                                                      8 Janvier 1919
                                                                                                                      Anniversaire de sa mort glorieuse
                                                                                                                                                                 
               Cher Papa et chère Maman,

     C’est tout particulièrement pour vous que je parle aujourd’hui… pour vous, mais en pensant aussi à ces millions de cœurs, déchirés par la plus affreuse manifestation du Mal que le monde ait connue.
     J’ai voulu, avant le moment où serait revenue cette date qui a fait tomber entre nous un voile, me rapprocher de vous d’une manière suffisamment accessible à vos sens terrestres, pour chasser loin de vos cœurs qui souffrent, le sentiment de la mort : je veux dire de la mort telle que vous la concevez ; même pour vous, croyants… chrétiens…la mort est une sorte d’abîme qui engloutit vos bien-aimés.
Que faites-vous donc de l’enseignement adorable de Jésus ?

     Quand je suis arrivé ici, j’ai été tellement ébloui par la clarté de cet amour, que j’ai demandé à vous apporter spécialement ce message. C’est par l’échange de leur amour que les âmes restent unies ; je vous aime plus, bien plus qu’autrefois, car maintenant ma tendresse est consciente. Ici, notre œuvre est d’apprendre à aimer comme Dieu veut que nous sachions aimer ; cette tâche est si belle, si douce ! J’ai réclamé le privilège de vous le dire, chers aimés ; de vous dire que nous ne regrettons pas la vie de la Terre. Ici où je suis arrivé, tout est lumière et beauté ; nous vous entourons constamment, nous sommes  «  la grande nuée de témoins » !

     Une chose manquerait à la sérénité de ma vie spirituelle, ce serait le doute de vos cœurs… je ne dis pas seulement en ce qui concerne mon âme immortelle, mais aussi ma présence et ma tendresse. « Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant » ; puisque je suis vivant, serait-il possible à votre enfant de s’éloigner de vous ? de ne pas chercher à vous faire partager son bonheur ? Ce ne serait plus l’amour ! Or, l’amour est ma vie. Plus nous montons vers Dieu, mieux nous connaissons l’amour ; comme la plante s’épanouit quand l’atteint la lumière, nos âmes s’épanouissent aux rayons issus de Dieu ; ce sont des rayons d’amour ; l’Amour c’est Dieu. Ton petit Pierre…


                                                                                                                                               Votre petit Pierre

 

 

                                                                                                                                              15 janvier 1919

               Maman bien aimée,

    Aujourd’hui est pour toi rempli de souvenirs ; pour moi, « aujourd’hui » n’existe pas, mais les souvenirs sont encore bien plus vivants que pour toi-même, puisqu’ils se présentent devant moi avec une forme, sorte de tableaux vivants qui conservent leur actualité,  aussi longtemps que ma mémoire spirituelle pourra les faire revivre. Je me souviens donc, comme toi, chère Maman… je me souviens de tout de ce que tu te rappelles ce jour, qui passe dans le cycle de ta vie terrestre ; et si je te dis cela, c’est pour ajouter que cette pensée doit arracher de ton cœur sa plus cruelle épine : « le sentiment de ma mort ». Oui, oui, je suis vivant ! Que ne puis-je le clamer assez haut, pour que ce cri retentisse sur toute la Terre, comme un alléluia victorieux ! Hélas ! Puisque le monde n’a pas encore compris ce que signifie réellement le triomphe de Pâques, ma voix n’atteindrait pas des oreilles qui ne veulent pas entendre.
     Mais toi… toi, Maman chérie, tu as entendu la voix de ton petit Pierre… tu le sais, je suis vivant ! Nous sommes vivants !      Nous nous sommes retrouvés dans un monde de lumière et de paix, nous tous, vos petits soldats que vous pleurez à tort si vous pleurez pour nous. Nous sommes heureux, pleins d’amour, et nous n’avons jamais quitté ceux que nous aimons avec une tendresse mûrie, supérieure….
                                                                                                                                              Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                              30 janvier 1919

               Chère Maman,

        Pourquoi Dieu envoie-t-il nos âmes dans cette chair corruptible et corruptrice ? Je t’ai déjà répondu : c’est un mystère ! Cependant, il y a un motif que vous  comprendrez facilement :  c’est une épreuve, que vous pourriez comparer à celle d’un examen sur la Terre : vous demandez un travail approprié, puis une épreuve probatoire de l’effort accompli dans un but donné. Telle est la vie terrestre. L’âme, sous cette enveloppe, connaît des difficultés, des tentations, mais aussi des possibilités, des occasions de victoires toutes spéciales à sa condition charnelle ; c’est en quelque sorte l’étude, l’exercice, par lesquels notre être spirituel doit acquérir son grade et ses « titres universitaires ». Quand l’âme a subi victorieusement cette épreuve morale, que seule la vie de la Terre rendait qualificative, elle peut se classer dans telle ou telle catégorie ; Dieu juge si l’âme qu’il aime, doit subir une autre période d’activité spéciale, ou si elle peut être admise dans un plan, supérieur à celui qui renvoie des âmes à la Terre.  « Voilà le jugement personnel » dont je t’ai parlé ; à la suite de ce jugement, la réincarnation est souvent conseillée, comme moyen plus rapide de faire l’évolution obligatoire à l’atteinte du bonheur, vers lequel nous tendons tous, et que nous ne connaîtrons que dans la fusion avec Dieu.
     Nous aspirons inconsciemment à cette communion intime et absolue, tandis que nous parcourons notre pèlerinage terrestre. Ici, nous en avons pleinement conscience : c’est un besoin ardent, un désir passionné, qui nous fait éprouver une soif de bonheur ; elle ne sera apaisée que dans cette union.


                                                                                                                                            Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                             8 février 1919

               Maman chérie

     Tu demandes si les « anges gardiens » surveillent le champ du monde, et aident ceux que Dieu leur a confiés. Oui, certainement. Pour les croyants des premiers âges, il n’existait pas de différence entre les êtres de lumière qui leur apparaissaient aux heures importantes de la vie ; c’est pour cela qu’ils les appelaient tous des « anges ». Toutefois, beaucoup de ces visiteurs célestes (la plupart) étaient  « des esprits », par conséquent des hommes séparés de leur chair. Il faut se  rappeler que, malgré les signes évidents du pardon de Dieu, et de la survivance de ceux qui avaient quitté la Terre, l’Eglise primitive (celle de la Première Alliance), commençait à peine à réaliser l’immortalité des âmes ; lorsque le Christ descendit sur la Terre. De là les difficultés qu’eut le Sauveur, pour faire comprendre sa mission rédemptrice et la Bonne Nouvelle qu’il apportait au monde. En réalité, si, dans les occasions exceptionnelles, des anges, races d’essence supérieure, vinrent sur la Terre parler aux humains (lors de l’Annonciation par exemple) en général, il s’agissait bien d’esprits, venus sur l’ordre de Dieu des sphères élevées. Donc, ceux que vous appelez des « anges gardiens », sont toujours, pour ainsi dire, vos amis devenus invisibles, dont la tendresse a survécu à la mort du corps ; ils forment autour de vous une phalange protectrice.
     Le plus souvent, chacune des âmes incarnées est sous la responsabilité spéciale d’un esprit, ami d’autrefois, souvent aussi ami nouveau, désigné par Dieu pour l’aider, le guider, l’éclairer et l’empêcher de s’éloigner du Christ, Chemin et Vie. C’est un des liens les plus beaux et les plus actifs entre la Terre et le Ciel.
     Nous nous entretenons ici de ceux que nous aimons tous, nous conseillant, nous entr’aidant, travaillant en commun, et cependant spécialement pour une âme bien-aimée qui est notre « fille adoptive » ; l’âge ne compte plus pour nous. Je suis, chère Maman, ton « ange gardien » pour me servir du thème que tu connais. L’esprit très beau qui te suivait autrefois, t’a remise à ma garde, ce qui arrive souvent. Ils attendent le retour dans leurs rangs d’un esprit momentanément incarné, et qui est destiné à exercer une plus grande influence sur certaines âmes.      Mon cher Papa est, depuis son enfance, sous la garde de sa mère, esprit particulièrement lumineux et élevé, que j’ai appris à aimer ici, non seulement comme nous nous aimons tous dans nos sphères d’amour, mais par ma personnalité et la sienne ; ces liens de famille, qui, je te le répète, ne se perdent pas.


                                                                                                                                             Ton Pierre

 

 

 

                                                                                                                                             14 février 1919

               Chère Maman,

     Il n’y a pas d’oisifs dans la sphère où je suis arrivé, mais chacun de nous est chargé d’une œuvre, d’une mission particulière et dont il a le choix : c’est ici l’Eglise éternelle, ne l’oublie pas. Nous sommes cependant libres également de nous reposer (ainsi que nous le disions sur la Terre) ; ces périodes de repos et de délassement, ressemblent à celles qui sont recherchées dans le monde par les esprits surtout préoccupés de questions morales, philanthropiques, philosophiques, artistiques aussi, scientifiques même. Je veux dire, que nous nous réunissons le plus souvent, pour échanger nos idées sur les sujets qui font l’objet de notre œuvre spéciale. Nous profitons, comme vous, des expériences de nos frères ; nous prenons modèle, nous avertissons, nous constatons les résultats acquis. Nous voyons passer, devant nos regards ouverts à des spectacles inconnus sur la Terre, les merveilles qu’une intellectualité affinée, sensible, nourrie d’idéal peut suggérer. Des harmonies, frais cantiques d’amour, nous  enveloppent. C’est à la fois une sensation et une impression. Dans nos âmes qui éprouvent la béatitude de la communion avec Dieu, règne la paix dont Jésus a dit : « Je vous donne ma paix je ne la donne pas comme le monde la donne ». Autour de nous, les bien-aimés, dont la joie ressemble à un « sourire délicieux » (je veux dire : douceur, sérénité, tendresse, et non pas la secousse un peu grossière du rire), la lumière, la beauté, l’accord… en un mot l’amour ! Oh, chère Maman, quel amour ! quel amour ! Cette activité sans lassitude, sans découragement ; cette atmosphère de confiance, de certitude (l’hypocrisie et le mensonge ne peuvent exister ici) ; cette pensée dominante de l’amour, où est contenu tout le devoir envers notre Dieu, envers notre prochain, et en même temps tout le devoir accompli pour notre âme elle-même, par le fait qu’en aimant, nous voulons la volonté de Dieu ! Voilà notre vie chère Maman.
                                                                                                                                           Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                             22 février 1919

               Chère Maman,

     Je te l’ai déjà dit, notre existence est une existence normale, humaine, faite de grands devoirs et de petits détails, comme lorsque nous vivions dans la chair. Nous avons notre rôle, notre tâche, nos amitiés particulières, mais naturellement jamais aucune inimitié, pas même le sentiment neutre de l’indifférence. Quand nous sommes arrivés sur le plan où je suis, nous ne connaissions plus que l’amour.
     Dans les régions plus primaires, se trouvent encore beaucoup d’âmes égoïstes ou même vindicatives – mais l’évolution qui nous conduisit à la sphère d’où je parle, nous a fait franchir cette étape, plus ou moins rapidement suivant les cas, pour nous amener à la paix bienheureuse que l’amour seul peut nous procurer.
     Cependant, il ne nous est pas demandé d’avoir pour chaque esprit qui nous entoure un amour égal. Oh non !      Nous gardons des tendresses particulièrement  tendres (spécialement pour ceux que nous aimions déjà sur la Terre) ; de plus, nous formons ici des amitiés nouvelles, que des affinités et des collaborations dans notre travail font éclore. Mais pourquoi t’entretiendrais-je des « petits détails », presque (je dis presque) matériels de la vie que nous menons ici ? Seules les grandes missions  et les choses qui concernent le service de Dieu ont de l’importance – comme sur la Terre, d’ailleurs. Mais nous nous faisons ici l’existence que nous voulons… car nous voulons tous, malgré les formes diverses de vie qui encadrent cette impulsion unique, nous voulons tous cette priorité absolue de l’amour. C’est dans cette préoccupation constante et pleine de charme, que nous concevons cette œuvre individuelle. Elle peut varier à l’infini… qu’importe ! Nous recherchons toujours cette action féconde et délicieuse, du devoir pour «  le bien de nos frères », ceux qui sont sortis de la chair, et ceux qui souffrent encore sur la Terre ; un devoir parfaitement altruiste, dans lequel, oubliant de nous chercher nous-mêmes, nous trouvons cependant un incomparable bonheur.
                                                                                                                                            Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                             3 mars 1919

               Chère Maman, cher Papa,

     Ne craignez plus, ô vous qui peinez, qui pleurez sur la Terre d’expériences et d’épreuves, vous vous acheminez vers la lumière. Et vous, qui vous faites l’illusion d’avoir trouvé le bonheur terrestre, ne cherchez pas à vous attarder dans ces joies passagères, puisque nous connaissons ici seulement : le bonheur.
     Toutefois, cueillez les modestes douceurs de la Terre avec reconnaissance : vivez comme vous devez vivre pendant votre exil ! Il doit justement servir à vous apprendre l’effort et la persévérance, qui, dans nos sphères, sont la base de toute évolution.
                                                                                                                                            Pierre

 

 

                                                                                                                                            4 mars 1919

Chère Maman,

     Cela ne signifie pas que nous n’ayons pas le droit ou la possibilité d’avoir des amis particulièrement chers ; au contraire ! Et ceux qui se sont le plus tendrement aimés sur la Terre, gardent cette tendresse profonde et pure, que la mort du corps ne peut éteindre, puisqu’elle résidait dans l’âme. Ne craignez pas, mes bien-aimés, que le revoir perde sa joie la plus douce, parce qu’il serait dépouillé  de la tendresse exquise qui nous unissait dans la vie terrestre. L’amour ne peut pas mourir. L’amour est l’immortalité, et l’immortalité c’est l’Amour… c’est Dieu. Seules les passions absolument charnelles disparaîtront avec la chair. Mais toute impulsion spirituelle dans l’amour triomphe du tombeau.
                                                                                                                                            Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                            13 mars 1919

 

               Chère Maman,
    
     Tu m’as demandé pourquoi l’Eglise s’est éloignée de l’enseignement pur du Fils de Dieu ? Tel est le fait, hélas !      Mais vous êtes dans l’erreur, si vous demandez à l’Eglise seule la lumière nécessaire à votre âme, qui cherche et souffre. L’Eglise, ne l’oubliez pas, est de fondation humaine… faillible, je le répète : FAILLIBLE ! comme tout ce qui est humain. Mais l’Eglise n’est pas le Christianisme ! C’est l’Evangile, qui contient la substance du Christianisme.      L’Evangile lui-même a des obscurités et des ombres, qui ne viennent pas du Christ, ni de l’Esprit de Dieu, l’Inspirateur, mais des apôtres, des disciples, incompréhensifs du trésor que leurs intelligences bornées scellaient.      Ce que vous devez rechercher vous-mêmes, en toute humilité, par la prière, la méditation et la communion sainte, c’est en quelque sorte, une transélémentation  psychique, spirituelle, qui fait retrouver dans l’Evangile transcrit par les hommes, le substratum du Christ vivant et glorifié.
                                                                                                                                          Ton Pierre 

 

    

 

                                                                                                                                            24 mars 1919   

                                         
     Sur terre, ma chère Maman, tu le sais bien, la plupart des hommes ignorent ou repoussent cette union mystique qui, pourtant, devrait être la condition normale entre ceux qui s’aiment ; la mort ne peut les séparer qu’en « apparence » - je veux dire, par les obstacles matériels et grossiers qui opposent une barrière, le plus souvent infranchissable, au regard des yeux qui meurent. Mais d’autres ferment  ces regards maladroits et plongent dans l’infini les regards immortels des âmes. Ceux-là voient et ils entendent avec une ouïe indépendante de celle qui leur sert dans la vie de la chair. Ils contemplent ce qui est nous et non plus l’enveloppe périssable où se cache l’être réel de notre personnalité, ce centre de la vie qui subsiste éternellement, même au travers de l’épreuve terrestre.


                                                                                                                                            Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                            25 mars 1919

               Ma chère Maman,

     Parmi les aliments qui donnent aux âmes la constitution saine, capable de les conduire à l’immortalité, vous devez mettre au premier rang la communion spirituelle, la prière et l’Evangile ; ou plutôt vous devez réunir toutes ces choses en une seule ; la cohésion parfaite de votre volonté, de vos efforts et de vos renoncements, pour former un tout. De ce tout, vous ferez un don sans réserve au Dieu qui vous aime en Christ, au-delà de tout ce que vous pouvez pressentir ; Christ, en « possédant » votre don, vous possèdera ainsi vous-mêmes… incomparable unité, qui se mélangera indissolublement à l’unité de Dieu, pour n’en former qu’une seule. Vous avez quelques difficultés à comprendre cette communion, chère Maman, mais pourquoi craindre de vous tromper ? L’abandon de vous-même à Christ, dans ce don d’amour suffit… Lui, fera le nécessaire ensuite.


                                                                                                                                          Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                           26 mars 1919

 

               Maman chérie,

     Songez donc que plus vos esprits s’allègent des préoccupations matérielles, plus ils se rapprochent des nôtres, complètement dégagées de ces liens. C’est à vous de venir vers nous, et non pas à nous de retourner vers vous.      Nous le faisons cependant, parce que, voyant votre inaction psychique, nous allons au-devant de vous, avec la permission et par les conseils du Maître qui nous aime.
                                                                                                                                           Pierre

 

 

                                                                                                                                           avril 1919

               Chère petite Maman,

     Et pourtant vous devriez être bien plus aptes à saisir ce don spirituel, que l’humanité encore plongée dans l’animalité charnelle, que fut le départ évolutoire de la race.
     Il y a là de grandes leçons à vous donner : nous les réservons pour le moment propice qui n’est pas loin. La science dressera devant les yeux des croyants la vision troublante des origines d’une humanité bestiale, encore rudimentaire, même dans sa forme extérieure. Il sera inestimable, dont chacune de nos âmes rendra compte au jour du jugement.
                                                                                                                                           Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                           1er Mai 1919

               Chère Maman,

     Je t’assure que tu n’es pas la seule, dont l’âme connaît la communion effective avec nos sphères. Mais vous n’avez pas encore suffisamment appris la mission du témoignage que Dieu vous a réservée : ils sont nombreux ceux qui ont éprouvé, sous une forme ou  sous une autre, la réalité annoncée par le rêve de Jacob : « l’échelle de la tendresse sur laquelle montent et descendent les âmes » échange spirituel qui des deux mondes fait un seul univers.
     Pourtant ils se taisent ! ils se taisent, car cette communion est si sacrée qu’ils hésitent à l’avouer … ils se taisent, car ils savent l’ostracisme de l’Eglise inconsciente… ils se taisent, car ils appréhendent le verdict cruel des ignorants d’une telle grâce, qui la comparent à un cas pathogène, nécessitant des soins particuliers.    
     Chère Maman, si toutes ces raisons existent, c’est que les hommes, destinés par Dieu à ce ministère, n’élèvent point la voix pour affirmer leur connaissance des révélations spirituelles. Si les premiers chrétiens avaient eu honte de la foi nouvelle (aussi révolutionnaire, notez-le bien, quand elle annonçait la résurrection des morts), le Christianisme ne serait jamais sorti du cercle restreint des amis de Jésus.
     Ils se dressèrent, et acceptèrent la mort pour faire triompher « la vie éternelle ». On ne vous demande pas de mourir, mais de vous laisser critiquer peut-être, quand vous direz au monde la consolation ineffable que vous trouvez  dans la certitude prouvée chaque jour, que la mort ne détruit pas l’amour ; que, non seulement le tombeau ne garde pas vos bien-aimés…que non seulement ils demeurent eux-mêmes de l’autre côté du voile, mais que ce sont leurs voix fidèles qui viennent vous le répéter par des moyens divers.
     Et, crois-moi, chère Maman, dès maintenant vous êtes légions. Au lieu de travailler dans l’ombre, éclairez des rayons de cette lumière révélatrice la terre qui souffre sous l’impression écrasante du tombeau.


                                                                                                                                          Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                           7 mai 1919

               Maman chérie,

     Nos pensées se parlent, chère Maman. Je t’avais bien dit que ce moyen de communication se perfectionnerait très vite ; maintenant il m’est beaucoup plus facile qu’autrefois de t’envoyer les mots qui sont toute la fidélité de ma tendresse.
     Ce système est très employé et l’a toujours été : les prophètes furent les grands Inspirés, mais il y avait (et il y a encore) beaucoup d’esprits très lumineux, moins puissants, qui sont cependant occupés à cette œuvre divine. Ce que vous appelez à juste titre : « l’inspiration », est le plus souvent « une association »… j’entends par là que l’esprit sur la Terre, reçoit les souffles inspirateurs d’un ou plusieurs autres esprits des sphères supérieures, qui lui suggèrent en partie les idées qu’il reproduit sous des formes diverses : musique, art du peintre ou du statuaire, poésie, et aussi, le travail du littérateur, du mathématicien, de l’astronome, etc. Les hommes de génie sont spécialement influencés par l’Au- Delà… mais les autres puisent à cette source de pensées supra-humaines, qui leur donnent une place à part, au-dessus de leur frères. Toutefois, il n’y a pas que ces esprits privilégiés qui reçoivent des dons spirituels tout particuliers ; parmi ceux qui vous entourent se trouvent un grand nombre « d’inspirés » : c’est-à-dire des hommes qui apportent à la Terre des idées prédominantes, nées dans leur cerveau peut-être… mais comme toute naissance, du fait d’un « mariage », union mystérieuse entre l’esprit dans un corps mortel, et l’esprit sorti de la matière. Vous avez bien la sensation de ce que vous appelez une envolée… quelque chose de supérieur, vous apportant, comme du monde des rêves, les sentiments que vous exprimez, soit par des mots, soit par une science ou par un art… vous ne vous trompez pas.
                                                                                                                                           Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                           28 juin 1919

               Chère, chère Maman,

     J’ai bien senti, crois-moi, la douleur de ton cœur lorsque le canon tonnait pour annoncer la fin de cette guerre terrible (tout au moins sa fin apparente). Petite Maman, n’aie pas de chagrin, car nous sommes, nous aussi, témoins de la victoire : et la nuée des « esprits » qui ont participé à l’œuvre accomplie, se réjouit avec vous tous.
     Tu seras surprise que nous percevons le bruit du canon, et les voix humaines… tous les sons divers qui entourent la terre. Tu oublies que ce sont là des vibrations, et que nous ressentons les vibrations mieux qu’autrefois. Nous ne pouvons pas dire que nous entendons, car les sens en réalité n’existent plus pour nous ; mais nous avons conscience de ces vibrations, et nous associons cette impression avec les bruits venus de l’humanité, ce qui équivaut à les entendre. Au fond, l’ouïe pour l’oreille humaine, n’est pas autre chose qu’une association d’idées : le procédé n’est donc point différent, et le résultat obtenu est le même. Il en est également ainsi des vibrations qui constituent pour vous la vue : nous les ressentons comme celles de l’ouïe, et cela nous permet de « voir psychiquement ».
     Lorsque vous parlez, nous communiquons, non seulement par la pensée avec votre pensée, mais nous percevons le son de vos voix ; il y a là pour nous qui vous aimons plus et mieux qu’autrefois, une grande douceur.      Aussi comprenons-nous votre désir d’entendre comme jadis les voix de vos aimés… nos sphères sont plus heureuses, chère Maman, c’est pourquoi vous ne devez pas nous plaindre ! La mort est un affranchissement, un soulagement, un épanouissement : il y aura des bonheurs encore plus ineffables dans les sphères supérieures aux nôtres, vous n’en pouvez avoir l’idée !.............................
                                                                                                                                          Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                           6 juillet 1919

               Chère, chérie Maman,

     Tu sais que les premiers théologiens chrétiens, que vous appelez « Pères de l’Eglise », avaient compris l’unité de l’essence divine dont se compose chaque partie, chaque « tiers » de la trinité, et qui de ce fait, exige la croyance à l’unité constitutive de la Trinité ; ce qui fait dire que cette Trinité, tout en étant distinctement triple, en réalité est une.      Mais depuis cette compréhension précise et spirituellement inspirée, l’Eglise a dogmatisée la vérité, l’a stabilisée en quelque sorte, et de ce fait, l’a rendue inintelligible pour la pensée de la logique ; de sorte que le rationalisme s’en est aussitôt emparé, travestissant, si je puis dire, la portée d’une possibilité qui se peut établir, pour en faire une théorie étroite où le positivisme s’allie à l’imagination. Il en est résulté une obscurité profonde, qui voile, aux yeux de ceux qui veulent baser leur foi sur des mystères peut-être, mais non pas sur des mystères contraires à l’admissible, la qualité réaliste d’une ressemblance à rechercher et à étudier…………….
                                                                                                                                            Pierre

 

 

                                                                                                                                           12 juillet 1919

               Chère Maman,   

     La question qu’on te pose n’est nullement compliquée. Il faut vous rappeler que nous n’avons pas besoin de nous matérialiser pour nous montrer aux amis des sphères inférieures : il suffit de nous rendre visibles. Même aux yeux de ceux qui sont encore sur la Terre, il y a deux manières de nous manifester : nous pouvons produire de la matière, analogue à la vôtre, et aussi, tout simplement « nous faire voir ». Ceci reste possible dans toutes les sphères que nous parcourons. D’ailleurs je t’avais déjà expliqué ces phénomènes, quand je t’ai parlé du Purgatoire. Nous ne nous servons que du second système pour nous rapprocher des âmes aimées que nous avons devancées. Elles peuvent nous voir à notre gré, mais nous les distinguons toujours : telle est la différence.


                                                                                                                                            Pierre

 

 

                                                                                                                                           15 juillet 1919

               Chère Maman,

     Je veux parler ici de la conception, dans l’Eglise romaine, du salut personnel obtenu par le salut acquis aux autres âmes ; cette vérité est en général très mal expliquée. En effet il ne suffit point d’amener les âmes à la connaissance de Dieu pour être sauvé soi-même ; si ce travail divin n’est pas fait dans l’esprit du Christ, il reste absolument vain.      Chercher à sauver les autres, pour se sauver soi-même, est une œuvre égoïste, sans valeur devant Dieu ; mais, chercher à sauver les autres, parce que vous les aimez d’un amour prêt à tous les sacrifices, jusqu’à celui de vous-même (en faisant complètement abnégation de vous-même), c’est achever et compléter l’œuvre du Sauveur.


                                                                                                                                            Pierre

 

 

                                                                                                                                           17 juillet 1919

               Maman chérie, petite Maman chérie, chère chère
               Maman, Maman bien-aimée… ma Maman !

     Mais oui ! C’est comme autrefois sur la Terre, toi qui es ma Maman… Je n’en ai point d’autres que toi, je n’en veux point d’autres que toi. Dieu nous a donnés l’un à l’autre, et nous ne cessons pas d’être l’un à l’autre, même au travers de ce que vous appelez la mort, ce que vous croyez être une fin, alors que tout au contraire, c’est une suite, une continuation, qui est en même temps un point de départ.
                                                                                                                                             Pierre

 

 

                                                                                                                                           22 juillet 1919

      Chassez, chassez  ces nuages factices, et regardez de nouveau les richesses accumulées par l’humanité des civilisations passées… mortes, parce que vous les avez laissé mourir. Il y a là de quoi remplir les regards éblouis des génies de l’intellectualité et de la spiritualité… pour ne parler que ce ceux-là ; chère Maman, je te l’ai dit, l’Eglise dont vous êtes les fidèles… « J’entends l’Eglise chrétienne universelle » est responsable de la nuit qui vous enveloppe !
     Relisez les Livres inspirés… vous verrez percer de toutes parts les rayons merveilleux venus des sphères supérieures à la terre ; vos pères ouvraient largement leurs cœurs à cette lumière du Ciel et recevaient la visite des anges… l’Eglise ferme systématiquement les portes entrebaillées,  et vous laisse retomber dans la nuit.


                                                                                                                                          Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                           28 juillet 1919

               Chère Maman,

     Dieu existe, et son existence explique toutes choses. Si Dieu existe, le besoin d’arriver à la connaissance de toutes choses est le besoin de trouver Dieu. Dieu est l’explication de toutes choses… mais qui expliquera Dieu ? Dieu est le but de toutes choses – ou plutôt le but terminal de tout ce qui intrigue l’humanité, il faut donc atteindre Dieu. Comment l’homme pourra-t-il atteindre Dieu, le substratum et le Parfait dans l’absolu, alors qu’il est l’imperfection et l’arbitraire ? Comment rejoindre Dieu – l’Infini – alors que l’homme est le fini dans la médiocrité, aussi longtemps qu’il n’aura pas replacé en lui-même cet infini dont il ne saurait se passer, mais qui ne se trouve qu’en Dieu ?...
     Lorsqu’un homme est arrivé à cette crise douloureuse et angoissante, comment ne se tournerait-il pas vers Jésus-Christ, qui a proclamé, « Lui seul » parmi tous les hommes, ses frères :  « Je suis le Chemin ; nul ne vient au Père que par moi »
                                                                                                                                              Ton Pierre