Les "Lettres de Pierre" Extraits tome 2

 

     

 

INTRODUCTION

 

Lettre de Mme Monnier à une lectrice qui venait de perdre un enfant.

 La Presle, Pouzy-Mezangy (Allier)
 

Le 18 août 1943

          Madame,

          L’éditeur Fischbacher m’a communiqué votre lettre du 19 juillet ; elle m’a beaucoup émue, et je comprends si bien votre anxiété devant la manifestation spéciale des « Lettres » de mon enfant bien-aimé que je viens vous en parler  tout simplement et de tout mon cœur. Je réalise que j’aurais eu la même hésitation à votre place, et je vais vous dire la genèse de la communication spéciale qui m’unit à mon petit Pierre.
          Puisque vous souffrez de la même douleur, vous n’aurez pas de doute sur mon affirmation que je ne suis qu’une plume et non l’inspiratrice des messages que vous avez pu lire. Voici ce qui s’est passé entre mon Pierre et moi :
          Pierre était notre enfant unique et sa tendresse était la grande joie de notre vie pour laquelle je remerciais Dieu de toute mon âme : il ne nous avait jamais causé une peine et n’avait que des amis.
          Après sa mort, sur son Nouveau Testament qui lui servait pour son culte quotidien, j’ai lu une ligne écrite par lui : « Voici ma lampe qui ne s’éteindra jamais, mais brûlera éternellement ! » C’était bien la définition de sa jeune vie. Il avait vingt-trois ans lorsqu’il fut tué à la tête de ses hommes en 1915, mais il leur avait laissé un magnifique souvenir d’honneur, de bravoure et de bonté.
          Vous savez à quel point le cœur d’une maman se brise quand il faut renoncer pour un temps à la douceur de l’affection d’un enfant très aimé. Mais je n’ai pas eu l’idée coupable d’une évocation, sachant qu’il réprouvait le spiritisme quand il était sur la terre.      D’ailleurs je ne songeais pas à une communion spirituelle possible.
          Quelques semaines après sa mort, j’écrivais à une amie, et naturellement, je parlais de lui. Soudain sa voix se fit entendre : « Maman ! »
          Je m’arrête pleine d’émotion. « Est-ce toi, Pierre ? »
          « Mais oui, Maman !.... » Puis plus rien… J’étais bouleversée…
          Alors je lui parlais mentalement, et presque jamais il ne répondait, mais son premier appel était si tendrement naturel que j’ai eu la certitude bénie que son amour ne m’avait pas quittée. J’ai parlé à son Père de ce qui se passait, mais j’ai compris qu’il prenait la chose pour un effet de mon imagination. J’ai dit à Pierre : « Comment faut-il consoler ton Père en lui disant ta présence ? »
          Il m’a répondu : « Prions Dieu, Maman ! »
          Et j’ai prié trois ans pour cette grâce… Je n’avais pendant ces années, jamais reçu un message dicté, ni même pensé que cela pouvait se manifester. Mais un jour, il me dit : « Ne pense à rien, prends un crayon, écris ! »
          Je n’ai pas compris, n’ayant jamais pensé que cela fût possible, et j’ai cherché à ne penser à rien… Alors la dictée s’est faite presqu’en dehors de moi car, bien que consciente des mots qui me sont dits, je ne réalise pas l’ensemble de ce que j’écris ; ce n’est que lorsqu’il signe son nom à la fin du message, que je le lis, que je conçois ce qu’il me dit. Cela se passe donc tout à fait en dehors de moi. Je ne sais pas ce que j’écris, bien que nullement en extase ou inconsciente, mais j’ai le sentiment d’être une plume incompréhensive qu’une main conduit.
          Le message est donc indépendant de moi. D’ailleurs il traite souvent des sujets qui me sont étrangers, avec des termes que je dois chercher ensuite dans le dictionnaire, car je les ignore. Son Père a été illuminé par cette manifestation où l’on ne retrouve rien de moi et tout de notre bien-aimé, avec la certitude de sa tendresse toujours présente qui est devenue pour nous deux une source de vie.
          Si je vous écris tout cela, chère Madame, c’est pour répondre à vos doutes. Jouer une sorte de comédie sur le souvenir de notre Pierre serait un crime tellement abominable ! Nous n’aurions jamais publié des messages en prétendant venir de l’au-delà et d’un messager céleste. Vous me comprendrez, j’en suis sûre… Quel blasphème ! Et j’en serais responsable devant les pauvres Mamans en larmes !... Ayez donc confiance ! ces lettres ne sont pas inventées par mon imagination ; puisque je ne sais même pas d’avance, pendant que ma main écrit, ce que mon Pierre me fait parvenir de la part de Dieu. Ce message est pour nous, certes, mais aussi pour toutes les douleurs.
          En cette période tragique que nous vivons, nous constatons que, dès 1919, Pierre nous prévenait que « la guerre n’était pas finie et que la déchéance des Chrétiens persistait devant Dieu ».  Nous en sommes témoins, et je l’aurais nié moi-même il y a vingt-cinq ans, si on me l’avait demandé à moi.
          Voici une lettre très longue, chère Madame. Je demande à notre Père Céleste de vous soutenir dans les heures obscures que je connais si douloureusement. Croyons bien que l’Evangile est la meilleure preuve de la Communion des Saints, c’est-à-dire, des croyants.
          Dieu est un Dieu d’amour, et il a donné à son Fils une Maman qui a traversé des heures tragiques et peut nous aider par nos prières.
          Nos « Petits » ne sont pas des esprits anonymes qui oublient la plus grande tendresse humaine. Si vous avez des objections, écrivez-moi, et je tâcherai de vous répondre selon la volonté de Dieu, aidée par mon Pierre, s’il y est autorisé.

          Je prie pour vous, priez pour moi.

                                                                             Cécile THURET-MONNIER

 

 

                                                                                                                                                   1er Août 1919

               Oh ! Maman, chère Maman,

     Comme je te le disais, une telle intuition ne doit pas conduire à la conception de la « fatalité ». Lorsque, dans vos affaires du monde, vous choisissez un homme de confiance pour remplir une tâche importante, c’est parce que votre expérience de ce caractère et de sa moralité vous l’a montré digne de ce rôle particulier. Il en est ainsi de nous, chère Maman : Dieu nous choisit, et nous confie une mission ; mais, du fait de sa vie indépendante dont je t’ai parlé, notre âme a conscience de ce choix ; elle marche fidèlement à l’accomplissement de l’œuvre que Dieu lui dévolue. La sensation de « certitude de l’avenir », n’est autre que la connaissance de l’âme avertie : vous savez bien que vous n’êtes pas entre les mains du hasard, mais d’une Providence pleine d’amour, de mansuétude et de justice.
                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                     8 Août 1919

      Chère Maman,

     La Création est évidemment établie sur un plan, dont Dieu a reconnu la supériorité, et qui, de l’infinitésimal à l’immense, se poursuit semblable à lui-même. Le système, que vous constatez aisément en considérant les lois astronomiques par exemple, se reproduit indéfiniment, avec ses centres d’attraction autour desquels gravitent des corps dynamiquement plus faibles, mais qui servent à leur tour de centre attracteur à de plus petits, tandis que sont entraînées dans des axes élargis, les forces qui les attirent eux-mêmes.
     Cette loi générale d’attraction, pour vous évidente, restera inexpliquée aussi longtemps que vous vous obstinerez à demeurer dans le domaine des sciences naturelles ; pénétrez sur celui des sciences surnaturelles… aussitôt votre âme, ne s’arrêtant point à chercher des preuves impossibles dans l’état actuel de vos connaissances, répondra sans hésitation : « Dieu ! » C’est ce que j’ai voulu dire en parlant de la foi qui dépasse la logique, bien que la logique conduise à la foi.
     Quand vous aurez franchi la frontière du rationalisme volontaire, vos yeux s’ouvriront.


                                                                                                                                                    Pierre

 

 

                                                                                                                                                    22 Août 1919

     Petite Maman,

     Prête-moi un instant ta main pour que je puisse te dire ma vigilante tendresse ! Je sais que tu as mal !... c’est une sensation que nous ignorons ici. Pauvre petite Maman ! Tu verras comme c’est bon de ne plus souffrir de son corps – d’avoir un corps qui vous sert et ne vous gêne jamais.
     Pourtant, il fait bien « partie de nous », ce corps spirituel, qui ressemble si fidèlement à notre enveloppe terrestre, mais il « met en valeur » notre esprit et ne le cache pas, ne le dissimule pas, comme sur la terre.
     Je t’aime, petite Maman… ma petite Maman.
                                                                                                                                                    Ton Pierrot

 

 

                                                                                                                                                    26 Août 1919

      Ma chère Maman,

     C’est triste, n’est-il pas vrai, de ne pouvoir continuer nos doux entretiens !... je vais tenter de te dire quelques mots, qui seront peut-être le « recommencement ».
     Chère Maman, je voudrais te parler cette fois-ci, d’un bienfait : le silence.
     Savoir se taire… apprendre à savoir se taire, est souvent un devoir aussi positif que celui de parler (pour affirmer par exemple ses convictions et sa foi).
     Le silence est une méditation ébauchée : lorsque vous évitez de répondre, vous avez le temps de rentrer en vous-même. Le silence peut être le roc contre lequel les vagues écumantes se brisent en vain… rappelez-vous le silence de Jésus devant ceux qui prétendaient le juger.
     Mais pour être selon la volonté de Dieu , le silence, comme toute manifestation psychique , doit s’installer sur une base d’amour ; je veux dire par là que le silence remplacera par une prière, la riposte ou la parole inconsidérée. Vous ne priez jamais assez ! La prière est une grâce de Dieu, qui donne à l’homme l’Esprit de Dieu pour concevoir, et la Main de Dieu pour agir ; car par la prière, (si elle est la vrai prière de l’enfant à son père) vous abandonnez aux décisions divines votre faiblesse. Dieu se substitue donc à vous, et vos œuvres sont les Siennes…Je puis dire à  « à nous », puisque la prière occupe une partie de notre activité.
                                                                                                                                                    Ton Pierrot

 

 

                                                                                                                                                    27 Août 1919

      Chère Maman bien-aimée,

     Parmi les voix qui vous parlent dans l’Invisible, je sais que tu distingues la voix de « ton petit Pierre ». Pourquoi t’affliger de la séparation, puisqu’elle n’existe pas en réalité ? Tu me parles et je te réponds… évidemment, nous ne sommes pas éloignés l’un de l’autre.
     Il est étrange de constater que les plus croyants, les plus illuminables et les plus éclairés, conservent toutefois une anxiété intime qui voile pour eux la foi ! Tu sais que je suis vivant ! Tu sais que je n’ai pas perdu la possibilité de communiquer avec toi par la pensée et la tendresse – malgré cela, tu sens dans la vie la douleur de l’absence…      Chère Maman il ne devrait pas en être ainsi !.......

 

 

                                                                                                                                                    29 Août 1919

     Oui, Maman chérie, comme je te l’ai déjà dit bien souvent, nous nous souvenons de tout ce qui, durant notre vie terrestre, a provoqué des sentiments de l’âme : joies et peines, enthousiasmes et indignations, bienveillance et malveillance. Pourrions-nous sans cela nous repentir des fautes commises, ou nous réjouir d’avoir été des serviteurs fidèles ?
     Les plus graves péchés sont les péchés contre l’Amour ; l’Amour, c’est Dieu : toutes les fois que l’homme faillit à l’Amour, il blesse l’Etre même de Dieu. L’existence terrestre est l’école de l’Amour, nous devons y apprendre la pratique parfaite de l’Amour dans la solidarité. Le mal règne sur la terre, parce que l’homme, manquant à sa vocation, insouciant de tout ce qui n’est pas sa propre personne, vit dans un farouche et cruel égoïsme…Oui ! Le meilleur d’entre les hommes est un animal de proie : ses appétits sont ses maîtres ! Il est esclave de son ego, et s’adore lui-même. Relisez la fable de Narcisse…….
                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    31 Août 1919

      My dearest Mamma, ma  petite Maman,

     Le monde a un pressant besoin de Dieu, le monde ignore encore ce besoin ! Pourtant les hommes marchent vers une ère, où l’absence de toute connaissance de Dieu les ramènera aux coutumes de la barbarie et de l’égoïsme sauvage. Comme au temps des prophètes, « les jours viendront où Dieu enverra la famine sur la terre – non la famine du pain, ni la soif de l’eau, mais la famine et la soif d’entendre les paroles de l’Eternel ». Je veux dire que devant le déchaînement des appétits les plus grossiers, l’humanité, prise de terreur, cherchera désespérément à faire revivre les bienfaits issus de la Croix de l’Amour.
     Nous voyons, chère Maman, cette crise de douleur menacer la terre, et comme les prophètes envoyés par Dieu, nous venons rappeler à nos frères les commandements ineffables du Sauveur. Christ est le Sauveur éternel, son action sur les âmes n’est point périmée, elle reste l’unique et tout-puissant moyen d’amener au port la race humaine, emportée par la tempête du mal.
     Chrétiens, debout ! Toute faiblesse, tout laisser-aller est une lâcheté !.......................


                                                                                                                                                    Pierre

 

 

                                                                                                                                                    7 Septembre 1919

                Chère Maman,

     Tu me dis : le temps passe ! Non, le temps ne passe pas, mais votre vie, votre chance d’ajouter la pierre qui porte votre nom à la construction de la Jérusalem spirituelle, voilà ce qui passe ! En effet, devant l’éternité, le temps ne se peut ni mesurer, ni compter, et vous faites partie de l’éternité – nous faisons partie de l’éternité devrais-je dire… il faudrait même préciser davantage et affirmer ! « Nous faisons partie de l’éternel ! » C’est un mystère pour l’esprit humain – j’entends l’intellect humain : il en est parmi vous cependant dont le regard a dorénavant percé les voiles qui dérobent le principe de l’unité dans la Création et avec le Créateur. La solidarité de la race vous apparaît déjà, et tout homme qui a la conscience droite et honnête, réalise ce qu’il doit à ses frères. Il n’est pas nécessaire de remonter loin en arrière  dans l’histoire de l’humanité, même civilisée, pour trouver une époque où la compréhension primordiale de la solidarité  était absolument inconnue. Ce qui jette le trouble dans votre conception politique de la solidarité, c’est qu’elle veut atteindre et bouleverser les différences essentielles qui, loin d’être nuisibles à l’évolution des races, sont destinées au contraire à leur donner un élan indispensable. L’égalité absolue amènerait rapidement la paresse spirituelle et émotive qui engendre la mort de tout progrès : « Vous aurez toujours des pauvres avec vous » dit Jésus à ses amis………..
                                                                                                                                                    Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                        11 Septembre 1919 (Mort d’un petit chien)

      Chère, chère Maman,

     Pauvre petite Maman, je vois ton chagrin… pourtant eux non plus ces petits « frères inférieurs » (ainsi que vous les appelez très justement), ne meurent pas pour le néant, mais pour une vie plus heureuse et supérieure à leur condition terrestre. Pourquoi veux-tu que Dieu ne s’intéresse point à ces petits êtres que Sa volonté créatrice a mis auprès des hommes ?  Christ vous a dit : « Pas un passereau ne tombe sans la volonté de Dieu », n’était-ce pas vous indiquer la valeur réelle, au point de vue de l’amour, que le Créateur accorde à toute vie  née de son souffle. Je te l’ai déjà dit, ces modestes amis si fidèles ne restent pas non plus dans le tombeau, et s’ils n’arrivent jamais aux hautes sphères spirituelles, ils ont cependant ce que vous pourriez appeler un « paradis » qui est fait pour eux. Leurs évolutions successives les maintiennent toujours dans une place, mais le fait nouveau de pouvoir communiquer leurs pensées, et recevoir celles des âmes humaines, est pour eux un incomparable bonheur. Le sommeil qui suit leur mort est très court d’ailleurs, car il y a pour eux une autre conception de la destinée. Ainsi, le brave petit chien dont, près de toi, j’ai assisté à la séparation du corps infirme, est déjà tout joyeux à mon côté… si je puis me servir d’un tel euphémisme.

 

 

                                                                                                                                                    20 Septembre 1919

               Maman chérie,

     Comment se peut-il que vous hésitiez encore à trouver dans l’Amour, la clé de voûte de tout le plan divin ? Jésus ne vous a-t-il pas décrit Lui-même le Jugement dernier, dans la Justice de l’Amour ? « Ceux qui auront exercé la charité – l’amour – entreront dans la joie et la vie éternelle ! Ceux qui se seront refusés au devoir d’aimer, seront réservés pour le châtiment ». Jésus vous a laissé un seul commandement personnel : « Aimez-vous les uns les autres », Jésus n’a pas évoqué d’autre crime devant le trône de Dieu que le manque de charité ; et en effet, celui-là comprend tous les autres.
     Ne vous perdez donc point dans des  problèmes théologaux, abstraits et compliqués… si vous voulez apprendre à reconnaître la volonté de Dieu : Aimez ! et si vous voulez la mettre en pratique : Aimez !


                                                                                                                                                     Pierre

 

 

                                                                                                                                                    23 Septembre 1919

     Tu m’as demandé pourquoi j’ai parlé des hommes antérieurs à celui que vous appelez « Adam » et comme la Bible donne comme étant le premier de tous. Je t’ai déjà dit que l’humanité évoluait lentement au-dessus de l’animalité dont elle avait pourtant toujours été distincte par essence. Lorsque l’homme que vous appelez « Adam » reçut le souffle spirituel de Dieu, il fut réellement le Premier Homme ; mais une ascendance avait existé, et cet être primaire qui précédait Adam, avait peu à peu pris connaissance d’une Force toute-puissante qui le dominait : Dieu. La certitude de l’existence de Dieu fût cependant la naissance spirituelle de l’homme en Adam. Tout ce que je te dis est contenu dans les récits composant la Genèse,… mais vous ne savez pas lire ces choses !


                                                                                                                                                     Pierre

 

 

                                                                                                                                                    21 Octobre 1919

               Chère Maman,

     Je puis toutefois vous rappeler l’universalité infinie de la Création ; j’entends par là que le système établi par Dieu dans la Création (où chaque parcelle isolée gravite autour d’un centre qui, à son tour, est attiré par un autre centre, et indéfiniment jusqu’au centre absolu : Dieu), ne connaît pas d’exception. La terre est uniquement l’une  de ces parcelles, et l’Univers est un Tout synthétique dont la cause est Dieu. L’organisation terrestre n’est pas autochtone : tout ce qui est en mouvement dans l’organisme de la terre est composé de vibrations, non pas exclusivement terrestres, mais universelles. Les autres mondes de votre système solaire (les seuls dont l’étude scientifique vous soit facilitée par leur proximité relative… et je ne parle que de ceux-là pour me résumer) sont, je te l’ai dit, habités par des races tout à fait différentes de l’humanité, et que Dieu ne destine point à évoluer par uniformisation, ni combinaison. Néanmoins, ces mondes sont géologiquement semblables à la terre (les phénomènes astronomiques vous le prouvent)), la matière en circulation est donc partout similaire, et les corps différents de ces races, sont matériellement composés des mêmes substances chimiques que les vôtres. Seul le résultat obtenu est autre, les combinaisons de l’idéologie créatrice variant à l’infini. Il en est de même au point de vue spirituel et psychique : des forces identiques circulent d’un monde à l’autre monde, puisque Dieu est le Père universel, et que les forces issues de Dieu ayant la même origine, sont de même substance spirituelle. Il y a par conséquent un échange constant d’énergies créées et de matières en voies de condensation, venues les unes et les autres du Centre Créateur : Dieu. Cependant, ces radiations ne restent point absolument identiques à elles-mêmes ; elles évoluent comme toute la Création, et forment des « agglomérats spirituels » différents et plus ou moins évolués. Ce processus n’est pas réservé à votre système solaire, il se répète dans l’infini de la Création : il y a par conséquent des échanges constants et universels. Vous n’arrivez pas à vous représenter ce qu’est en réalité, l’univers… l’éphémère ne comprend pas l’éternité.
     Il résulte de tout ce que je dis ici que les cellules dont sont composés les corps humains, et les cellules spirituelles qui forment l’âme humaine sont déjà évoluées avant leur réunion dans l’humanité. Le travail évolutoire du protozoaire, ou de tout autre organisme primaire, est, je te l’ai expliqué, une première réunion des éléments jetés par Dieu dans la Création évolutive. Ce n’est pas sur la terre que ces êtres incomplets poursuivront leur ascension ; ils rentreront dans la circulation universelle, parcelle de vie déjà un peu évoluée, et destinée à un avenir supérieur à leur première condition ; tout ceci reste compliqué pour votre ignorance scientifique. Une chose doit pourtant être retenue : c’est que l’échange de forces immanentes qui se transforment en esprit ou en matière (non pas indifféremment mais sans exception), constitue le « corps et l’âme » de la création collective ; comme vous le remarquez pour vos corps terrestres, l’échange est continuel. Cependant, la personnalité physique et morale de l’homme ou de l’animal, de la plante ou du rocher, se maintient identique à soi-même. Il en est ainsi pour les races nobles créées par Dieu (j’entends les hommes et aussi les « rois » des autres mondes).Une échange ininterrompu de forces a lieu dans l’univers, mais les habitants des autres planètes ne sont pas des hommes semblables à nous.


                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    20 Novembre 1919

     Nous n’avons pas perdu l’apparence humaine, mais nous laissons à la terre les infirmités de notre chair. Mes bien-aimés, vous êtes entourés par l’Invisible, vivant, actif, plein d’amour. Hélas, les esprits mauvais bien que transformés, ne perdent non plus leur humanité ; tenez-vous en garde ! La prière est un salut viatique : riches de ce trésor qui ne trompe point, vous pouvez affronter les dangers dont vous menacent certains, timorés mais sincères.      Tout autour de vous, la tendresse divisée et unique de ceux qui vous gardent selon la volonté de Dieu, vous guide et vous protège. Prêtez l’oreille à chaque manifestation de notre tendresse attentive ; quelle joie pour nous lorsque vos cœurs accueillent nos efforts qui cherchent à vous consoler, en vous faisant pressentir le bonheur prochain des revoirs sans adieux.
                                                                                                                                                    Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                                                    18 Décembre 1919

                  Ma chérie Maman,
                                                                                                                                                                                                                      
     Beaucoup de raisons m’empêchent d’aller plus avant dans la révélation que je t’apporte, et que de prochaines découvertes confirmeront devant la science. La première est la volonté divine de laisser l’homme, en face des mystères qui l’entourent, diminuer peu à peu cet inconnu, par un effort persévérant, anoblissant. La seconde est la très grande difficulté que j’éprouve, à te faire recevoir psychiquement des impressions, sur des sujets dont tu ignores tout ; et les termes consacrés qui font comprendre, et l’état actuel des connaissances acquises. Cela m’obligerait à reprendre, depuis l’origine, tout ce que l’humanité a amassé de savoir et d’hypothèses (dont les unes sont fausses et les autres vraies) sur lesquelles est construit l’édifice scientifique. Que de traditions vont se trouver erronées ! Que de dogmes renversés !... mais ce sera l’œuvre du temps, et si nous vous répétions ce que nos maître, lumières du monde spirituel, nous enseignent, eux qui connaissent tous les secrets de la science devant l’humanité, quel désastre cela provoquerait !... L’omniscience donnée à l’homme encore enfant, devant la transcendance des causes et des effets, amènerait un déséquilibre profond de la pensée, et ruinerait à tout jamais l’effort vers le progrès ; le matérialisme avide, qui partage l’intellect avec les aspirations spirituelles, envahirait les concepts de l’homme, pour le conduire à la paresse mortelle de ses affinités supérieures et de leurs justes curiosités.
     Néanmoins, le moment est venu de vous montrer que tout ce qui constitue la Création (ce que vous appelez : matière, éther, etc…) fait partie intégrante d’un ensemble unique, non pas dissocié, mais joint dans un admirable unisson de forces, à la fois agissantes et identiques. La matière vous avait déjà révélé sa vie immanente jusqu’au-delà des atomes, concrets d’après vous, mais qui sont animés eux-mêmes par la gravitation universelle. Vous êtes penchés sur cette admirable preuve de l’unité dans l’idéologie créatrice, en ce qui concerne la matière… et déjà, le voile se soulève, vous montrant les résultats inattendus d’une telle découverte.
     Chère Maman, ce que vous soupçonnez n’est pas encore parvenu au point où je voudrais te conduire ; c’est-à-dire à la conséquence ultime de ces faits prouvés :  « la vie répandue comme un courant généreux et lui-même granuleux, dans tout ce qui vous entoure, que ce soit la matière solide ou les espaces, non plus vides pour vos regards confondus, mais parcourus par la vie immanente ; cette vie que l’homme ne saura jamais expliquer au moyen des calculs les plus précis, des démonstrations les plus osées ; cette vie qui émane de Dieu… vous serez obligés de l’admettre tout d’abord, puis d’y croire !
     Oh ! chère Maman, quel lever de rideau sur les mystères infinis !...
                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    Même Jour

     Vous pourrez, par des expériences de plus en plus précises, contrôler les gestes de l’universalité vivante ; vous pourrez changer le cours normal et la suite logique des méthodes divines… modifier même, par votre volonté, les résultats habituels, qu’une minutieuse observation vous montrera toujours identiques à leur système d’action, mais cependant possibles à détourner de leurs « habitudes », si je puis dire, et susceptibles de les changer par la provocation expérimentale… Tout cela est vrai !
     Vous irez bien plus loin encore : vous découvrirez en vous une puissance insoupçonnée et des possibilités merveilleuses d’influence consciente sur la destinée de la matière ambiante – je t’ai dit que vous pouvez comparer tout ce qui vous entoure, à la matière organisée par un procédé inchangeable, et je ne parle pas seulement de la terre, mais des espaces – Oui, chère Maman, l’intelligence humaine qui doit survivre, et accompagner l’âme au-delà du tombeau, a des moyens de compréhension, de déduction, d’étude, admirables et toujours grandissants.
     Une immensité peuplée de découvertes de plus en plus exactes, de plus en plus belles, parfois plus déconcertantes, s’ouvre devant la curiosité des chercheurs de la terre… mais le terme de tout cela (je veux dire, le point que vous ne dépasserez jamais,) c’est la manière mystérieuse dont cet univers s’anime par la vie ! Et ceci, c’est le secret de Dieu, chère Maman ; c’est la nécessité absolue d’un « foyer générateur » que vous ne trouverez nulle part, ni dans la matière concentrée, ni dans la matière diffuse. Tout vibre, tout gravite, tout est composé d’atomes divisibles à l’infini, animés chacun d’un mouvement méthodique, coordonné, réglé, sur un rythme éternel – je le dis, éternel ! – et sans variation.
     Vous découvrirez les lois étranges, mais rationnelles, régissant toute cette action qui ne ressemble en rien à l’agitation, parce qu’elle s’accomplit dans l’ordre et l’obéissance. Mais ce qu’est le souffle de vie… c’est le secret de Dieu !
     Où donc est la victoire du matérialisme et de la négation ?... Matière il est vrai ! Tout l’Univers est uniquement formé de matière gravitante et active… raisonnablement, puis-je dire ; mais l’élan propulseur, la vie… qui de vous saura la produire ?... que dis-je ! qui de vous pourra l’expliquer ?... c’est le secret de Dieu !
     La conclusion logique et inéluctable est, par conséquent : « l’action intelligente d’un Etre omnipotent et omniscient »… Le rencontrerez-vous parmi les hommes ?...
     Répondez ! Répondez !...
                                                                                                                                                    Pierre

 

 

                                                                                                                                                    21 Décembre 1919

               Ma chérie Maman,

     Oui, chère Maman, votre devoir ne va pas plus loin que la terre, car chaque monde est répondant pour ce qui le concerne. Il y a des races différentes et innombrables, dans cet univers que Dieu a engendré : chacune a sa mission et sa tâche, elles n’ont pas à répondre les unes pour les autres. Mais je le répète une fois de plus, les procédés de Dieu sont applicables à la Création universelle, et l’Univers constitue ce corps éternel, où l’élément primordial est la vie de Dieu qui anime tous les mondes. Vous comprenez cette comparaison lorsqu’il s’agit de l’humanité et de Dieu : élargissez-là, vous verrez aussitôt l’unité de Dieu et de l’Univers, fusionnant et s’interpénétrant par la circulation vivifique, qui part du centre générateur :  « Dieu », et alimente chaque portion de la Création universelle. Ne séparez pas de cette création universelle les régions spirituelles, (le Ciel), les esprits et les anges qui peuplent ces sphères. Dieu a créé toutes choses, Dieu remplit de sa vie fécondante tout ce qui existe : soit le monde matériel, soit le monde spirituel, soit la matière stabilisée dans sa forme visible, soit la matière diffuse qui remplit les espaces, soit la matière déjà évoluée, (les âmes), soit la matière en voie de développement, (les corps).      Tout est composé de même… des échanges incessants entraînent cette matière obéissante, granulaire et gravitante, sur les chemins désignés par Dieu. Le cours incessant du fleuve de vie n’est pas limité à la terre, il franchit les espaces, il s’associe à la matière des mondes sans nombre, qui renvoient à leur tour le flot généreux vers la terre et dans l’infini qui les entoure.
     Ici encore Dieu vous montre, par l’organisme humain, les lois qu’il a voulues pour entretenir la vie. Les phénomènes qui alimentent vos artères et vos veines, sont un symbole et une image de ce que j’appelle : « La circulation universelle ».
     Je m’arrête, chère Maman… nous devons vous laisser chercher vous-mêmes la réponse à ces problème qui révolutionnent chaque jour la science acquise la veille… Je m’arrête…

 
                                                                                                                                                   Pierre.

 

 

                                                                                                                                                    24 Décembre 1919

               Mammy darling,

     Votre siècle matérialiste est trop loin du monde de l’esprit ! Vous ne comprenez plus que rien ne nous sépare, sinon vos sens imparfaits, et destinés à un autre usage qu’à celui de ressentir les effets de la vie dans l’esprit. Et puis, l’Eglise, méthodiquement oublieuse de son origine spirituelle (spirituelle au sens le plus précis de ce mot), vous éloigne de tout ce qui a quelque ressemblance avec la religion occulte et mystique, dont saint Jean, le voyant des symboles transcendants, lui laissa cependant les impressions magnifiques. Saint Jean (l’Eglise le reconnaît) fut inspiré par l’Ange du Christ qui, sous la forme mystérieuse des prophètes et des visions, lui révéla la direction que devaient suivre les Eglises, nouvellement nées, mais déjà sur le chemin de l’erreur et du péché ; il révéla aussi l’avenir vers lequel évolue l’Epouse du Christ, l’Eglise universelle qui doit naître de la volonté humaine, et que Dieu destine au mariage triomphal,  à l’union indissoluble et éternelle avec Lui-même.


                                                                                                                                                     Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                                                    21 Janvier 1920
 
      Chère Maman aimée,

     Lorsque ceux qui nous aiment sont réunis… (surtout lorsqu’ils parlent de nous, en évoquant les souvenirs de la vie que nous avons partagée avec eux), nous sommes toujours présents, sympathiques et attentifs. Habituez-vous à cette pensée qui rendra notre présence effective et constante. Dieu n’a jamais voulu arracher à vos cœurs l’objet de vos tendresses. Si vous compreniez que la mort est un avantage et non pas un malheur, pour celui qui a franchi le voile, vous n’auriez plus jamais à la bouche cette exclamation si erronée : « Pauvre homme !... pauvre mère !...pauvre enfant !... » Que cette plainte est peu d’accord avec vos croyances évangéliques ! Vous affirmez la victoire du Christ sur la mort, vous savez que le Christ annonçait cette  « Bonne nouvelle », mais vous doutez de la parole de Dieu, dont les promesses sont pleines d’amour et de pardon !
    Nous quittons la terre pour une évolution supérieure (qui nous est accessible et possible si nous le voulons bien), pour une vie plus libre, plus belle, avec des moyens d’action accrus et facilités ; pour un idéal plus parfait, dont la conséquence est le bonheur, grandissant avec chaque effort vers le bien… et vous vous plaignez ! Quelle incohérence dans votre foi !
                                                                                                                                                   Pierre

 

 

                                                                                                                                                    30 Janvier 1920

               Chère, chère petite Maman,

      Tu n’es pas la seule à qui manque notre douce communion quotidienne. Je te l’ai dit déjà, il ne faut pas que nos entretiens causent une tension, dangereuse pour ton cerveau… mon clavier, car il est évident, qu’il est obligé aux réflexes qui actionnent ta main sous ma dictée, ou plutôt mon « inspiration » (d’ailleurs, ce n’est ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre, le procédé est absolument neuf, pour ceux qui ne l’ont jamais mis en pratique, il peut difficilement s’expliquer). Néanmoins, tu n’es pas un instrument exclusivement passif, puisque, si ce n’est pas ma main qui guide ta main, ma volonté spirituelle agit cependant sur toi. Le mécanisme de l’écriture, de la formation des caractères, est exécuté par ta main, donc « commandé » par ton cerveau, mais ce n’est pas un sentiment exprimé et raisonné, conscient, c’est un réflexe inconscient, comme lorsque tu lèves une main ou avances un pied, sans un motif apparent. Je veux arriver à ceci : nous ne prenons pas possession du cerveau du percipient, de son ego pas davantage, et il y a un effet inconscient mais positif pour celui qui recueille notre message. Voilà ce qui fait que je me suis abstenu, pendant tous ces jours où je ne te trouvais pas assez bien pour supporter cette fatigue réellement cérébrale.
     Tu vois, chère Maman, que nous sommes soigneux de votre être psychique……..


                                                                                                                                                   Ton petit Pierre  

 

 

                                                                                                                                                    1er Février 1920

               Chère Maman,

     Je suis revenu sur un sujet que j’ai déjà traité plusieurs fois avec toi, tant l’injustice de l’humanité en ce qui concerne la foi, me semble condamnable. Il en est de même pour toutes les obscurités dont s’enveloppent les problèmes d’outre-tombe : les hommes qui seraient les mieux qualifiés pour les sonder passionnément, ne prennent pas même la peine d’y arrêter leurs regards ! Et pourtant , les ténèbres dont est entouré le monde spirituel, ne sont pas plus épaisses, que celles où se dérobent encore les lois merveilleuses de l’astronomie et de la physiologie par exemple… deux sciences précises malgré leur imprécision, et qui côtoient celle du monde où vous attendent « les ressuscités ».Cependant, ainsi que je le disais dans ma dernière lettre, vous pouvez donner aux hypothèses spirituelles des bases expérimentales, aussi solides que celles qui vous permettent de construire l’édifice des connaissances rigoureuses, en mathématiques transcendantales et en cosmologie. Ceux qui pressentent – je dis plus, ceux qui savent – la vérité des résultats obtenus pour leur propre vie, au moyen des manifestations probatrices de la valeur de la foi, ceux-là se taisent ! Ils semblent retenus par une étrange pudeur qui les empêchent  de faire au monde sceptique, la réponse de l’infirme guéri par le Christ : « Je sais une chose : j’étais aveugle, et maintenant je vois ! »
     Oh ! Chrétiens ingrats, pourquoi cette fausse honte qui est une véritable trahison ?... Y a-t-il donc une recherche plus vitale pour l’humanité douloureuse et anxieuse ?...Si, dans l’infini des espaces où se pressent les mondes, vous aviez discerné un astre encore inconnu à la science, seriez-vous aussi timides pour proclamer  votre joie et faire constater la réalité de votre découverte ?... Cependant, quelle importance peut avoir l’addition allongée des astres numérotés dans les livres de la science, en comparaison de la moindre preuve donnée à la justification de la foi, vivante et agissante !
     Chère Maman, ne vous laissez point troubler par le scepticisme, ni même par le mécontentement de l’Eglise, qui renie sa foi lorsqu’elle refuse aux fidèles la communion spirituelle avec l’Au-delà divin ! Que tous ceux qui ont entendu les voix tendres de leurs trépassés murmurer des paroles de force, de consolation et d’amour, affirmant la vérité magnifique de la « Bonne Nouvelle » apportée par le Christ de Dieu, repoussent la coupable résolution de garder pour eux seuls les révélations supra-terrestres, qui ont rempli de certitude leurs cœurs déchirés ! Qu’ils répandent autour d’eux les richesses qui leur sont confiées pour les partager avec leurs frères !...
     Nous le savons bien, vous redoutez de jeter ainsi dans la lice, nos noms qui sont sacrés ; les noms importent peu ! vous pouvez les taire… mais non pas les faits, les expériences spirituelles, les grâces reçues, tout ce qui, en un mot,  vous a prouvé l’efficace de la Résurrection du Messie, première résurrection rendue visible, et qui est dorénavant le modèle révélé de la résurrection des frères de l’Homme-Dieu. L’Eglise devrait-elle s’élever contre la prétention des chrétiens, lorsqu’ils proclament la victoire réelle de leur Sauveur sur la mort ?... Non, non ! c’est depuis les sphères spirituelles qui accueillent l’humanité délivrée, et où se reconstitue l’Eglise éternelle, que nous vous crions :  « Non, non ! »… l’Eglise terrestre n’a pas ce devoir, parce que son Maître, son Souverain Sacrificateur pour toujours, par sa chair ensanglantée a frayé le chemin au travers du voile ; parce qu’il a  déchiré ce triste suaire qui cachait à la terre la vie immanente du Ciel ! l’Amour victorieux éclaire les deux mondes d’une Lumière que plus rien ne saurait faire pâlir, sinon l’outrecuidante dureté de l’esprit humain, qui refuse aux le droit de recevoir cette lueur divine irradiant autour du Fils de Dieu ressuscité.
                                                                                                                                                    Pierre

 

 

                                                                                                                                                    5 Février 1920

               Maman Chérie,

     Le Saint-Esprit n’est plus pour vous la voix même de Dieu. Celui qui, par des visions et des songes, et des ordres précis, fut le Guide, le Consolateur, et l’Instructeur des premiers disciples du Christ.
     On t’a dit, chère Maman, que ces manifestations étaient surnaturelles et morbides… non pas, non pas ! car si Dieu se servit des songes et des visions pour instruire les chrétiens militants qui fondèrent l’Eglise, c’est parce que ces modestes collaborateurs de l’œuvre salvatrice du Messie, avaient conscience de la liberté que pouvait acquérir, dans le sommeil ou l’extase, leur esprit, malhabile dans la chair.
     Après  des heures de lumière et de gloire, au milieu des persécutions, où, plus que jamais, triomphait l’influence de la force psychique incomparable du Saint-Esprit pour dominer la matière, l’Eglise prit ombrage… ou plutôt, le clergé prit ombrage de ce don fait à l’âme « quand elle le demande ». L’Eglise, Epouse jalouse, et infidèle a sa mission, refusa dorénavant les privilèges de l’Esprit agissant par des œuvres visibles qui rapprochaient le Ciel de la terre… plus encore ! qui haussaient la terre jusqu’au Ciel ;  elle décréta que ces manifestations spirituelles étaient sacrilèges… et Jeanne d’Arc, et ses sœurs, moururent dans les flammes des bûchers, élevés par des criminels contre l’Esprit. «  A ceux qui auraient douté de la voix de l’Esprit, il ne sera pardonné ni dans ce monde, ni dans l’autre », prophétisa le Christ, lorsque les prêtres de son Père, à la vue de ses miracles, l’accusèrent d’être animé par l’esprit du Mal.
     L’œuvre de Dieu ne se séparait point de celle des hommes à la fondation de l’Eglise… pourquoi avez-vous creusé plus tard un abîme d’orgueil, d’étroitesse et de vanité qui éloigne l’Eglise éternelle de l’Eglise temporelle, et devant lequel elles demeurent arrêtées, ne pouvant se rejoindre… immobilisées par une prohibition qui vient des hommes et non de Dieu.
                                                                                                                                                     Pierre

 

 

                                                                                                                                                    15 Février 1920

               Oh ! Maman, chère, chère Maman bien-aimée…
 
     Je te l’ai dit, chaque sphère est plus particulièrement  consacrée à une tâche spéciale dans l’œuvre générale de notre Dieu. Il y a, parmi les esprits qui m’entourent sur le plan où je suis arrivé, les inspirateurs de l’humanité ; cela, non pas seulement au point de vue uniquement spirituel, mais aussi intellectuel, artistique, scientifique ; toutefois, il n’y a point dans ce cycle-ci, des inspirations matérialistes. Nos maîtres ont réuni autour d’eux les prosélytes que ces questions particulières intéressent, et que leur préparation, soit terrestre, soit extra-terrestre, rend aptes à une telle œuvre. Nous choisissons cette branche d’activité, comme nous le faisions sur la terre pour une carrière, et aussitôt nous sommes instruits dans ce but ; cependant, tous n’ont pas la constitution spirituelle adéquate, et quelques-uns doivent renoncer à leur désir. Vous avez la prémotion de l’inspiration extrinsèque dans vos conceptions morales ou autres. Bien des fois, ceux qui reçoivent la rosée céleste fécondante et actionnante, se rendent compte de son extranéité. ; ils le sentent, ils le disent. Vous aussi, lorsque votre âme perçoit l’émotion indéfinie qui s’envole d’une harmonie musicale, d’une œuvre d’art, d’un ouvrage scientifique transcendant ou d’un poème, vous avez la divination d’une inspiration supérieure au monde visible, et qui dépasse vos sens.


                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    2 Mars 1920

               Ma chère Maman,

     Vous ne savez pas, nous le voyons bien, quelle entité objective est, en réalité, une « âme » ! Pour vous, les « âmes » sont de vagues nébuleuses flottant dans l’erratum céleste.
     Serait-il logique que Dieu eût combiné cet admirable instrument, votre corps temporel, pour arriver, dans un monde supérieur, à donner, comme logis définitif de sa fille spirituelle , l’âme, un entourage diffus, inconsistant, qui ne serait plus qu’une massre fluidique contenant un noyau vivant.
     Le corps spirituel dont vous a parlé saint Paul, possède, lui aussi, des organes qui lui sont propres, des facultés qui lui permettent de vous voir, de vous entendre, de vous parler, de nous souvenir, de vous aimer… et aussi, de nous repentir, d’élever nos désirs vers un Dieu miséricordieux et juste, et d’apporter notre bonne volonté, notre amour, au Fils de l’homme, notre Jésus…  « Sauveur, » tel est son nom !
     Jusque là, chère Maman, nos âmes ont un corps spirituel aussi compliqué, aussi raffiné, et dans son genre, aussi bien organisé que le corps temporel.
     Il est évident que certains organes, devenus inutiles sont remplacés par d’autres. Mais, il en est qui, tout comme notre ego lui-même, sont simplement transformés, spiritualisés, et rendus aptes à remplir des fonctions subliminales que vous ignorez parce qu’elles vous seraient inutiles sur la terre. Néanmoins, nos yeux voient comme autrefois, et ressemblent à ceux que vous avez aimés ; nos visages ne sont pas sensiblement différents, bien que dématérialisés ; si nos statures, que vous reconnaîtrez, surtout lorsque, par notre volonté, nous les couvrirons du mirage des vêtements que vous nous avez vu porter.
     Au premier abord, tout ceci vous semble improbable. Chère Maman, le contraire serait improbable, et sortirait absolument des méthodes logiques et raisonnables de toute l’œuvre créatrice.


                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    3 Mars 1920

     Ma petite Maman,

     Ce corps spirituel, qui garde l’emprunte idéalisé de celui que vous aviez vu lorsque nous habitions la chair, n’est cependant pas reconnaissable pour vous, si vous n’avez pas abandonné, vous aussi, cette enveloppe temporelle.      Rappelle-toi en effet que le Christ, dont la divinité reconquise  « exagérait », si je puis dire, la spiritualité de son corps ressuscité, ne fut pas reconnu par ses disciples au premier abord. Ils restèrent confus et indécis, aussi longtemps que leur Maître n’eût point ouvert la bouche, révélant par sa parole sa personnalité glorieuse. Ici, nous portons l’image de notre Maître, chère Maman, et si nous vous apparaissions soudain, tels que vous nous verrez un jour, vous auriez, à coup sûr, beaucoup d’hésitation avant la certitude que c’est bien nous, intégralement nous, qui sommes devant vos yeux. Pour éviter ce doute, nous reprenons notre forme oubliée (je veux dire, avec ses tares physiques elles-mêmes), lorsque Dieu désire que vous soyez témoins de notre survie par la vue. Il est bien certain ! si les aveugles restaient aveugles et les boiteux maladroits, le bonheur de la liberté nouvelle du corps n’existerait pas. Aussi, je puis vous affirmer que le corps spirituel, ce « double » de notre apparence terrestre, est délivré de toute infirmité.
                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    9 Mars 1920

    Chérie Maman,

     Le silence est un bienfait non seulement nécessaire, mais essentiel pour la vie des âmes. Le silence est le repos spirituel, aussi indispensable dans l’activité psychique que dans celle du corps. Le silence est rempli de puissances reconstituantes ; au milieu même du tourbillon, choisi volontairement par les enfants du monde, ils aspirent au silence réparateur. Vivre dans une agitation bruyante et ahurissante, diminue les capacités mentales aussi bien que les forces spirituelles. Si le corps souffre, comme l’âme,  de cette épuisante ambiance du bruit ininterrompu, c’est que, malgré votre préoccupation orgueilleuse, vous n’arrivez pas à diviser votre trinité constitutive au point de rompre tout lien entre l’esprit, l’âme et le corps.
                                                                                                                                                    Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    Pâques 1920
               Ma petite Maman bien aimée,

     Je ne reviendrai pas sur ce que je t’ai déjà dit : nous célébrons ici toutes les fêtes chrétiennes qui rappellent la vie de notre Sauveur. Avec vous, j’ai été prier  dans cette église, où tant de souvenirs me rappellent… Je ne veux pas dire que nous allions, en général, prier dans les temples terrestres : nous avons, dans nos sphères spirituelles, des temples d’une exceptionnelle beauté où nous rencontrons, dans une communion sacrée, le Parfait-Amour qui  nous éclaire, nous guide et nous enseigne. Christ nous apprend les prières de l’âme, celles dont la terre ne connaît que « les soupirs inexprimables ». Désormais, chère Maman, nos  esprits libres peuvent s’élever à ces hauteurs mystiques où s’accomplit « l’union spirituelle » avec l’Immanence parfaite du Père, réalisant ainsi l’imprégnation bénie qui est appelée à se perpétuer en vie éternelle. Toutefois, lorsque vos prières vous rapprochent de nous, et que vos cœurs, pleins de pensées fidèles à notre égard, nous évoquent tendrement,  cette piété du souvenir nous attire auprès de vous : nous nous unissons à vos élans sincères, car vos âmes ressemblent alors aux âmes que la mort a délivrées de leurs chaînes. J’étais donc entre vous, mes deux plus aimés… et j’écoutais, moi aussi, les paroles qui cherchaient à vous élever jusqu’à la présence de Dieu et de son Fils.
     Notre monde missionnaire fait de grands efforts en faveur du réveil de l’Eglise endormie : des inspirateurs, soigneusement choisis par nos maîtres, sont envoyés à chacun de ceux qui portent la lourde responsabilité d’instruire  leurs frères, pour les conduire aux vérités intégrales. Si les hommes, que nous appelons ainsi à une œuvre difficile et magnifique, savaient comprendre le don de Dieu, quelle tâche féconde serait à leur portée ! Mais ils ne s’abandonnent pas suffisamment à l’influence spirituelle, extérieure à leur  individualité, qui, par cela même, inquiète leur subconscience intransigeante et dominatrice.
     Chère Maman, malgré son outrecuidance spirituelle, l’Eglise est actuellement bien plus éloignée de la pensée et de la conception messianiques (sa seule raison d’être, cependant), que ne furent ses premiers balbutiements, tentatives hardies des pionniers de la nouvelle Révélation, qui attaquèrent directement le mosaïsme. Comment se passerait-elle de cette communion sensible avec l’Au-delà, dont l’Eglise, qui s’élevait, comme une fleur, sous les pas mêmes du Christ Initiateur, ne pouvait perdre la direction indispensable, généreusement donnée par le Sauveur, accomplissant les promesses qu’Il avait faites. Trouvez-vous cela normal ? Non, n’est-il pas vrai ! Ce qu’il faut, plus que jamais, pour redonner la vie à la société des fils spirituels du Christ-Sauveur, c’est le baptême (renouvelé sans cesse), de l’Esprit-Saint, et quel que soit son porte-parole… si toutefois Il ne s’adresse pas directement aux âmes avides de lumière et de vérité.
                                                                                                                                                   Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    7 Avril 1920

     Chère Maman,

     C’est avec un espoir plein d’émotion, que je vous vois confier au verdict du monde, les messages dont Dieu me charge pour les âmes souffrantes. Néanmoins, je suis heureux de la réalisation de ma prière. J’ai insisté (et j’y reviens encore) sur la nécessité de remettre devant les yeux voilés de larmes, le don ineffable de Dieu en Christ : la vie éternelle, la résurrection de l’âme (ce qui, je te l’ai expliqué, signifie exactement : « le passage de l’âme ensevelie dans la chair, à la vie radieuse du Ciel ») enfin, l’amour essentiel d’un Dieu de bonté, dont le pardon est acquis d’avance au pêcheur repentant.
                                                                                                                                                   Ton Pierre

 

 

                                                                                                                                                    14 Avril 1920

               Ma chère Maman,

     J’ai été brusquement appelé, avant d’avoir pu terminer ma dernière lettre. Lorsqu’un devoir nouveau nécessite notre présence immédiate, nous accourons aussitôt où l’on nous réclame. Il s’agit parfois d’un de nos compagnons, d’un de nos amis… pourquoi ne dirais-je pas ?... d’un de nos camarades, qui demande notre aide. Mais le plus souvent, ce sont nos maîtres, ou parfois même le « Bien-Aimé des nations »,  Jésus, qui nous appellent.
     Ces appels vous sembleraient muets, car votre oreille n’en saisirait pas les vibrations, qui attirent notre attention aussi facilement que la voix d’un d’entre vous, prononçant le nom d’un autre. Pour nos sens psychiques, cette onde qui vibre est réellement une voix que nous « entendons ». Rien ne limite le champ d’action de la vague, projetée par une volonté spirituelle, vers un but, un récepteur, qui la recueille, l’enregistre et la comprend. La faculté qui est la nôtre de faire revivre tous nos sentiments affectifs (en particulier nos souvenirs), nous permet de reformer le « son des voix » et, par conséquent, d’entendre à notre façon nouvelle, les chères voix dont les intonations, les inflexions, restent gravées dans notre centre conservateur où se revivent toutes les émotions passées. Je me demande si je m’explique clairement. Le motif de cette longue digression est de vous promettre que la voix des bien-aimés ne s’est pas tue pour toujours, et que vous entendrez de nouveau ses accents tendres et fidèles. Il vous est difficile de réaliser qu’une telle objectivité, tangible, sensible, visible, s’unisse à une telle spiritualité : vous ne savez pas encore associer deux manifestations qui vous semblent diamétralement opposées.


                                                                                                                                                    Ton petit Pierre

 

 

                                                                                                                                                    30 Mai 1920
    
     Nous avons regardé avec bienveillance la pacifique manifestation en faveur de notre sœur « Jeanne », qui était toute radieuse. J’étais à ses côtés, ainsi que Georges, appelé par ta pensée émue. Jeanne a tant aimé son Roi céleste et son roi de la terre !... tant aimé l’Invisible !... tant aimé la France ! Ne crois pas qu’il nous soit souvent donné de contempler, sur notre plan, une âme aussi évoluée, aussi spiritualisée que celle-ci !... Notre vaillante initiatrice occupe une place très haute dans une sphère où sont un grand nombre de nos instructeurs. Mais nous, jeunes esprits, nés pendant la guerre à la vie du Ciel, nous eûmes à cette occasion spéciale* la douce surprise de la voir venir parmi nous, lumineuse et sereine, pour nous tendre ses mains fraternelles, et nous rappeler que nous devions tous prier pour notre Patrie terrestre…….

     C’est pourquoi Jeanne (la Sainte selon les hommes, la fidèle Servante de Dieu), Jeanne vint parmi nous, ayant aussi visité les esprits libérés par le don de leur vie aux causes d’amour. Jeanne vint nous encourager et nous montrer sont flamboyant visage spirituel, qui est à lui seul, un stimulant et une promesse. Nous nous sommes pressés autour d’elle, dans la joie du triomphe de l’Esprit, but digne de tous les efforts : « la paix achetée par le détachement de soi-même ».

        * Hommage de Paris à Jeanne d’Arc                 
                                                                                                                                                   Ton petit Pierre 

 

 

                                                                                                                                                    3 Juin 1920

               Ma chérie, chérie Maman,

     Il est réellement impossible de comprendre le raisonnement de ces chrétiens qui redoutent les rapports spirituels entre nous, esprits de ceux que vous appelez « des morts !!!» et vous, esprits que vous qualifiez de « vivants ». Votre doctrine, l’Evangile, est une doctrine spiritualiste, où l’Esprit-Saint, l’Esprit de Jésus, confirme les récits de l’Ancien-Testament, en vous montrant le Ciel… (les habitants du Ciel) visitant la Terre. Si je reviens toujours sur ce point essentiel, c’est que ce sera pour vous une des grandes difficultés auxquelles vous vous heurterez quand vous chercherez à propager ces messages extra-terrestres, et qu’il faudra convaincre, non point les incrédules, mais les croyants. Quelle étrange méconception de la foi ! Ne vous laissez pas rebuter par cet ostracisme de l’orthodoxie, aveugle et fermée aux éblouissantes vérités de l’Evangile. Le trésor spirituel est la grande richesse dont l’âme  humaine peut et doit s’emparer dans la Révélation Messianique. Le règne de l’Esprit fut annoncé par les prophètes, pendant tous les siècles qui précédèrent l’ère chrétienne ; et cependant, lorsque parut le Messie, avec quelle lourdeur la conscience humaine reconnut la visite de l’Hôte céleste parmi les pêcheurs !


                                                                                                                                                    Pierre

 

 

                                                                                                                                                    9 Juin 1920

               Chère Maman,

     Oui, chère Maman, nous regardons (sans surprise hélas ! car nous nous souvenons de notre faiblesse…) mais tristement, et pleins de tendre anxiété, les âmes aimées qui ne savent pas choisir !... Réalisez-vous avec quelle patience Christ vous attend sur la route étroite ?... Sa Croix est dressée au carrefour… elle indique aux hommes le chemin conduisant au bonheur par le sacrifice ; Ses anges vous appellent… et ceux qui leur sont semblables, ceux qui vous aiment, murmurent, angoissés, chacun de vos noms qui sont inscrits dans la généalogie de la famille humaine : ils les connaissent et les épèlent avec un tremblement d’amour : Esprits de la Lumière transcendante, les anges… esprits plus modestes, hiérarchie du Ciel… nous tous ! les mains tendues et les regards émus, nous venons au seuil des durs renoncements pour vous faire prendre courage !
     Vous nous voyez parfois, sans discerner un messager céleste dans l’ami inconnu qui vous parle. Pourquoi les anges, qui visitaient Abraham et Lot, auraient-ils cessé de porter aux hommes les décisions de Dieu ?... Vous ne savez plus reconnaître les visiteurs spirituels… voilà l’humiliante vérité. Vous les cherchez, sans doute, avec les ailes aux plumes blanches ou dorées, avec des robes éclatantes !!! Ouvrez mieux vos yeux sur les réalités que vous enseignaient les symboles. Des ailes ?... mais pourquoi des ailes ?... la distance et l’espace ne sont plus pour nous des obstacles, et si nous paraissons vêtus de blanc, c’est un mirage de la lumière spirituelle qui rayonne autour de nous ; nous nous verrons tous un jour rayonnants ainsi… que Dieu le veuille ! Mais nous pouvons apparaître à vos yeux sous d’autres formes, plus modestes, moins frappantes : toutefois, vous découvrirez notre présence dans un regard très pur, dans une intonation très tendre, qui vous feront penser : « En vérité, c’était un ange ! » Maman mienne, nous pouvons ainsi nous manifester en ceux et par ceux qui nous sont chers.


                                                                                                                                                    Pierre

 

 

                                                                                                                                                    11 Juin 1920

               Chère Maman,

     En somme, il est très aisé de constater la sensation de bien-être, éprouvée par l’âme normale quand elle se libère de l’avilissement matériel, pour ouvrir ses ailes et voler dans les espaces lumineux où les esprits évoluent. Si vous n’êtes pas encore libres (parce que les nécessités de la vie du corps vous retiennent), vous savez bien que vous avez des ailes… que vous êtes un oiseau des altitudes spirituelles, et non point le misérable ver de terre, incapable et aveugle, qui se traîne alternativement dans la poussière et dans la boue. Vous n’êtes pas muets ! vous savez les cantiques d’amour que nous chantons au Ciel ; et le « Magnificat » qui résonne dans le fond de vos cœurs  « pareil au bruit des grosses eaux », c’est le véritable cantique de votre âme ! Elle le répète avec l’ivresse de la joie spirituelle, et se mêle au chœur immense des esprits dont le Christ fut le Libérateur et le Sauveur.


                                                                                                                                                     Pierre