Les "Lettres de Pierre" Extraits tome 7
21 Octobre 1931
Mère, bien aimée,
Il nous semble inouï de constater la faiblesse de l’Eglise, par la faute de son entêtement vaniteux. Pourquoi ne veut-elle pas s’avancer à grands pas sur la voie sainte de Christ qui seul « conduit jusqu’à Dieu ». L’Eglise a mis son pied ferme sur le chemin de la Croix, elle a choisi son Maître au delà du tombeau, jusqu’à son élévation glorieuse, puis, elle s’est assise sur ce rocher, et refuse de reprendre sa marche ascendante. Comment atteindra-t-elle Dieu ? L’auteur de l’Epître aux Hébreux, lui-même, avait compris la nécessité de planter l’Evangile, tel un a rbre aux branches grandissantes, ou tel un sommet qui domine l’horizon, et qui sert de point de départ pour les esprits avides de lumière.
Il est vrai, vous restez encore si chancelants, si indécis devant la vision du Ciel où venait de disparaître le Christ… mais les anges ont dit aux premiers disciples : « Hommes galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder le Ciel ? ». Toutefois, ces Israélites, témoins de la victoire de leur Maître, l’ont adoré, comme Dieu seul doit l’être, et ils le savaient. Ensuite, ils se mirent à l’œuvre pour annoncer aux nations le pardon du Père, après la repentance des fils… tout un programme, toute une activité, et pour l’avenir, une promesse. L’Eglise s’est emparée du don de Dieu, mais pour « l’ensevelir dans la terre », c’est-à-dire pour le garder intact et non pour le faire triompher du monde et de son Prince.
Pensez bien à tout ceci : c’est là une des causes de l’insuffisance et de la paresse des chrétiens ; ils se croient parvenus au but, alors qu’ils reçoivent à peine le signal qui commence la course. Comment remporterez-vous le prix ?
Pierre
3 Novembre 1931
Maman aimée,
Je regarde, j’observe, et ta souffrance m’apparaît comme une offrande (la souffrance des mères est vraiment une offrande) et une charité : les morts – ceux qui sont les vivants éternels – se souviennent de l’amour des mères ; ils veulent se servir de ce bois consacré pour allumer l’autel de la Reconnaissance au milieu des hommes. Il faut les entendre, quand ils parlent !... pour les entendre, il faut les écouter. Les morts – ceux qui sont les véritables vivants – ne sont pas loin de vos âmes, ni loin de vos cœurs, ni loin de votre tendresse ; ils habitent la frontière des destinées humaines et commencent à réunir là les matériaux de la Nouvelle Jérusalem.
Avez-vous compris le magnifique symbole ? Relisez les paroles inspirées : « Elle descendait d’auprès de Dieu, ornée comme une épouse parée pour son époux… » et la grande voix qui venait du Ciel et qui criait : « Voici le tabernacle de Dieu au milieu des hommes où il habitera ; Dieu essuiera toute larme de vos yeux et la mort ne sera plus. »
Pourquoi la terreur de la mort subsisterait-elle ? Quand le Christ aura conquis la parfaite gloire de sa victoire, « la mort ne sera plus »… les hommes cesseront-ils de mourir ? Pas encore, car « le corps mortel n’aura pas revêtu l’immortalité » mais « l’effroi de la mort se changera en joie ».
Je ne sais pas si tu comprendras ce que j’explique ici, Chère Mienne. La Nouvelle Jérusalem doit s’établir sur la terre ; ce n’est pas seulement dans la mort que vous franchirez ses portes, mais vos yeux la verront, vos pieds fouleront les parvis de son tabernacle, parce que la mort aura perdu « son aiguillon » : la régénérescence de l’âme humaine sera accomplie par l’amour, et la gloire du Christ sera définitive… Je ne décris pas le Ciel, mais la Terre, ne l’oublie pas. Les siècles nombreux passeront, obscurcis et condamnés, à cause de la méchanceté… de la malice des hommes ; mais l’œuvre du Rédempteur s’accomplira, et quand le Ciel et la terre passeront, ce sera pour ressusciter. La patrie céleste n’est pas seulement dans le Ciel, elle est aussi sur la Terre… auprès de Dieu ! Dieu n’habite pas dans le Ciel comme un roi dans son palais. Dieu habite l’infini des mondes, il fait partie de cette infinité. Vous le dites sans y penser, peut-être : « Dieu est partout. » La Nouvelle Jérusalem, c’est l’approbation complète de Dieu : « elle avait au milieu d’elle la gloire de Dieu… », dit le Visionnaire. Le Dieu Tout Puissant et l’Agneau en sont le temple. Ainsi soit-il. La gloire de Dieu l’illumine et l’Agneau est son flambeau. Relis ces paroles, Maman. Le flambeau qui porte la gloire éternelle, c’est l’Agneau, le renoncement, la sainte pauvreté, le martyr et l’amour… Amen !
J’ai voulu te dire ces choses magnifiques pour que tu les chantes comme un cantique de reconnaissance, qui couvrira victorieusement le De Profundis des Eglises.
Ton Pierre
20 Novembre 1931
Maman,
Le minoséisme de l’Eglise est une tare dangereuse qui scandalise les anges, serviteurs du Dieu vivant. Pourquoi ne pas poursuivre avec joie et impétuosité la marche commencée par Jésus, dont la Croix de fut pas le terme, mais l’apothéose… un lever de soleil qui ne s’achèvera que face à face avec Dieu. Alors, l’union définitive s’accomplira. Mais vous avez recueilli dans un sanctuaire chacun des trésors accordé pour la fondation de l’édifice catholique,et, désormais, vous refusez tout développement des vérités bénies… semence donnée par le Semeur divin, pour préparer les moissons du Père. Que de fois, pourtant, le Christ avait parlé de ces semailles annonçant la moisson. Si vous laissez les épines croître, les oiseaux piller, les pierres écraser, à quoi servira le travail du semeur ? Or, ce semeur n’est autre que Jésus lançant à pleines mains les espoirs et les promesses pour quiconque recevra les gramens dans la terre fertile et préparée. Nous vous le disons encore : le traditionalisme à outrance avait neutralisé la Loi donnée par Moïse… prenez garde de laisser mourir l’œuvre d’Amour !
Les moissonneurs du Christ
31 Novembre 1931
Ma bien aimée,
Votre vie est une prière, une prière d’espérance enfantine, de décisions juvéniles, d’activité raisonnée, de reconnaissance filiale…mais, ce qu’elle est souvent douloureuse, inquiète, troublée, tremblante et même, désespérée ! Dieu accepte avec amour tous les élans sincères qui forment en réalité la vie d’une âme, la vie mystique et aussi la vie réaliste telle que la chair vous l’impose… Tout devrait être, tout est une prière informulée, mais d’autant plus enveloppante et directrice des mouvements profonds de l’esprit. Je le sais bien, aussi longtemps que l’homme est sur la terre, il éprouve avec difficulté la vérité indispensable de ce que j’explique ici. Si je dis « indispensable », c’est parce que cette vérité est le sens même de l’existence des âmes , et que, sans le contact inconscient, mais sans fêlure de l’âme et de Dieu, l’âme s’éteindrait comme une flamme dont s’est épuisée la cause. Or, ce contact avec l’Esprit éternel, c’est la prière… Je veux dire ici que, même sans le savoir, l’âme prie et cherche Dieu, ce que nous pourrions comparer à la fleur qui s’allonge vers la lumière pour ne point périr. Il s’agit donc uniquement de rendre patiente, pure et passionnée cette prière qui emplit mystérieusement de désir la personnalité profonde de chaque créature. Il y a des regards, regards d’enfant, aussi bien que de vieillards, qui sont ainsi une image de la prière.
Ton Pierre
Noêl 1931
Maman bien-aimée,
Si la paix s’est éloignée des nations, c’est parce que l’Eglise est insuffisante et n’a pas su faire proliférer le don de Dieu Rédempteur, l’Amour qui produit la paix, la véritable paix. Ah qu’elles sont vaines et creuses vos déclamations, vos décisions… et je parle ici de celles des chrétiens. L’Eglise ne comprend pas la paix selon le Christ ; pourquoi veut-elle enseigner aux hommes la paix des injures ? La prognose des maladies de l’âme est aveugle et bornée : vos théologiens ont perdu le sens de leur mission ! Ils sont responsables du mal qui règne, mais nous sommes envoyés dans le monde pour crier aux foules dévoyées : « Revenez à Jésus qui a paru pour apporter la paix à la terre, lorsqu’il est mort par amour. »
Parler de paix quand les cœurs sont sournois, utilitaires, pleins d’égoïsme, c’est folie ! Vous mettez la charrue avant les bœufs et vous regardez, tout surpris, l’effet désastreux de votre travail. Quoi ? Réclamer la paix sans avoir fait croître l’Amour ! Conducteurs aveugles, vous n’oserez pas dire que vous avez fait naître des moissons d’amour, que les champs de Dieu ensemencés par vous ont verdi, mûri, et portent des semences proligères… c’est faux ! Vous-mêmes, qui prétendez diriger vos frères dans la vérité, vous êtes pleins d’orgueil et vous considérez avec suffisance ceux qui opposent à votre thèse la leur ; « une seule est vraie », une seule procure la paix ! celle de Jésus : « Aimer Dieu qui exige l’amour fraternel » ; c’est la paix véritable que le monde ne saurait donner…Chère Maman, je te sens très lasse, je reprendrai.
3 Avril 1932
J’ai vécu dans ton cœur ces heures qui te resteront inoubliables où je t’ai sentie comme suspendue entre le monde de la chair et le monde de l’esprit. Mais c’est là justement l’erreur des hommes ; cette frontière est imaginaire, et, à la vérité, ceux qui vous semblent disparus, restent aussi près,… bien plus près, plus tendrement, plus intimement près de vous, quand ils sont délivrés de ce corps mortel qui les emprisonnait. L’intuition de la présence bien-aimée, vous la possédez, sans doute, mais il faudrait aller au-delà de l’intuition, jusqu’à la pleine conscience que Dieu ne vous refuse pas, mais dont vous vous dépossédez vous-même par ignorance, sinon par incrédulité.
Il vous paraît pour l’âme qui se libère, perdre ses affections terrestres. Alors même que l’obscurité vous sépare, il n’y a qu’un monde pour l’esprit, et ceux que vous croyez partis restent à vos côtés. La mère possède tous ses enfants à la fois, ne l’oubliez pas, ô vous qui nous pleurez comme des voyageurs qui auraient quitté le monde de vos tendresses. Dis-le, Maman chérie.
Ton Pierre
5 Avril 1932
Maman, ma fidèle interprête,
Comment est-il possible que nos efforts célestes ne soient pas encore parvenus jusqu’au centre des âmes croyantes pour démolir les forteresses du doute devant la mort, pour en disperser les débris, et laisser pénétrer la lumière.
La résurrection du Christ Rédempteur, vous l’admettez sans doute, — je m’adresse aux chrétiens — mais la résurrection de ceux que vous aimez vous semble encore entourée de mystère et de voiles… pourquoi cela ? Dieu vous a fait assister à la glorieuse sortie du tombeau du Fils de l’Homme, vous avez recueilli le témoignage de ceux qui l’ont vu et entendu, mais vous pleurez encore lorsqu’une tombe se ferme ! et vous pleurez comme si vous aviez perdu l’être cher à qui la matière ne donne plus devant vous une forme visible et sensible !
Voir ou ne pas voir la lumière ne change pas le soleil ; entendre ou ne pas entendre les harmonies de la terre ne rend pas muets les oiseaux, et il y a des incroyants, ont-ils le droit de traiter d’insensés ceux qui croient ? Vous vous défendriez de prétendre détruire la vérité en proclamant l’erreur ; c’est un non-sens criminel. Jésus s’est prouvé vivant par la vue et l’ouïe ! Ses disciples ont affirmé ces choses merveilleuses, à leurs yeux jusque-là clos devant la révélation de l’Amour du Père et de la puissance du Roi des rois. N’y aurait-il pas eu comme une cruauté dans la manifestation de la vie immortelle de Jésus, s’il avait voulu laisser subsister dans les esprits de ses amis terrestres la crainte de la mort définitive et l’effroi du sépulcre ? Ah ! non, si notre Jésus s’est prouvé vivant, c’est pour convaincre le monde de la résurrection de tous les enfants de Dieu, créés immortels à sa ressemblance.
Chère Mienne, que ne pouvez-vous voir la joie et la reconnaissance des esprits libérés qui sont accueillis dans la vie spirituelle avec tant d’amour, par ceux qui les avaient devancés ! Sur le terre, le voyageur qui vous quitte pour traverser les mers peut être assailli par les tempêtes, et menacé par de nombreux dangers… celui qui part pour les régions spirituelles est à l’abri des tempêtes et des dangers, et son départ n’est point une absence… oui, dis-le, Maman chérie.
Ton Pierre
8 octobre 1933
Chère Maman,
Courage, petite Maman ! Tu le sais, ton Pierre est toujours à ton côté, silencieux et tendre, et tes pensées, tes difficultés, tes tristesses lui sont connues. Tu ne te réfugies pas assez souvent dans les bras de ton Sauveur. Maman mienne. Tu as là un refuge constant, et un foyer spirituel où tu retrouveras tous tes bien-aimés dans l’intimité magnifique du Christ-Amour. Cette union est possible : tu ne devrais pas t’en privé puisque nous t’y convions avec une tendresse indicible. C’est le sanctuaire de la paix véritable, celle de l’âme, que les hommes cherchent en vain, parce qu’ils veulent la trouver dans les conventions politiques, alors que la seule paix qui puisse transformer le monde, c’est la paix du Christ : « je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix, non pas la paix que le monde vous donne… » Ne vous avait-il pas prévenus ? Cette paix doit envahir les âmes… chaque âme tout d’abord, puis, de proche en proche, toutes les âmes sur la terre, comme sont paisibles les âmes au Ciel. Alors, seulement, les nations seront unies, et la paix règnera. Vous commencez par où vous pourriez finir, et vous êtes surpris de la confusion, du chaos qui envahit les sociétés terriennes. N’en n’êtes-vous pas responsables, vous qui vous dites chrétiens ! Ce nom paisible est pour vous une simple étiquette, un titre sans valeur, parce que sans influence ni sur votre vie ni sur celle de vos frères. Voilà le cancer qui tue l’humanité ; le Christianisme est dépouillé de toute tare égoïste… mais vous êtes tout égoïsme ; il est paisible et généreux… vous êtes agités et utilitaires ; le ver qui ronge chacune de vos consciences s’unit au ver qui détruit celles de vos compagnes de route ; bientôt l’espèce pullule, et vous portez le germe de la décomposition qui dévore et détruit l’œuvre d’Amour. Ce mal est réparable avec l’œuvre de Dieu, car nos prières implorent votre guérison, qui sera d’abord individuelle. Vous avez toute responsabilité… Je veux dire chacun de vous. Les chrétiens sont devenus les adversaires de leur Maître : ils lèvent les mains vers le Christ, et lui crient : »Ne te soucie-t-il pas que nous périssions ? Quelle hypocrisie ! Vous ensemencez la terre labourée par la Croix d’un Rédempteur, mais vous livrez au sol des graines empoisonnées, et la moisson ne contient, elle aussi, que des fleurs vénéneuses.
Cependant, le besoin de paix étreint les hommes ; vous mourrez de la soif de paix, de la faim de paix, vous le savez, mais vous ne jetez pas, comme le « ramasseur d’ivraie » les plantes maudites dans la fournaise de l’Amour ; le pollen s’envole, il féconde la plaine et le mort qui est le salaire du péché détruit la vie, don de la grâce. Ne nous entendez-vous pas ? Nous sommes ceux que vous aimez encore malgré le voile, ceux qui vous aiment malgré les yeux clos de votre ingratitude, ceux que le Sauveur méconnu vous envoie, ceux qui prient pour chacun de vous, en vous donnant votre nom.
Courage, petite Maman, médite ces lignes de ton Pierre.
Ton petit Pierre
9 Décembre 1935
Ma petite maman aimée,
Je suis là… nous sommes tous auprès de vous, car nous savons que l’heure est grave sur la terre… partout ! Mais la patrie de notre amour est particulièrement menacée. Ah ! l’instant est-il venu des reproches et des avertissements ! Dès l’aube de cette aire si douloureuse, n’avons-nous pas attiré votre attention sur la carence désolante de l’Eglise, oublieuse de son devoir et laissant aller les consciences des fidèles dont le relâchement de toute discipline spirituelle permettait les plus graves appréhensions et faisait naître l’épouvante devant la catastrophe inévitable. Nous avons parlé aux responsables : les prêtres consacrés… ils se sont détournés sans écouter nos appels ! Nous avons répété aux catéchèses déliquescents les avertissements de Dieu… mais en vain ! Pareils à Simon Pierre dans la cour du Grand Prêtre, devant la curiosité dangereuse des ennemis du Christ, ils ont répondu : « Nous ne connaissons pas cet homme ». Promenez vos regards sur les sociétés qui vous entourent, depuis les humbles jusqu’aux maîtres de la terre ; tous foulent aux pies les commandements, les restrictions, les interdictions qui font vivre selon l’Evangile. Jeunesse lascive, vieillesse sans vertu, ceux pour qui nous avons notre vie se sont détournés du chemin de l’honneur, semblables aux papillons qui folâtrent sur les fleurs, sans songer à l’hiver, ou bien aux tigres qui, pour assouvir leurs instincts de puissance cruelle, blessent, tuent et dévorent.
Et voilà pourquoi nous venons autour de vous pour sonner le rassemblement aux approches de la bataille décisive. Qui hésitera avant de répondre « Présent » à l’appel de son nom ? Celui qui est le chef, c’est Jésus, le Fils de l’Homme. Il avait dit : « Ceux qui prendront l’épée périront par l’épée ». C’est la condamnation de l’agresseur, mais Christ ajouta : « que celui qui n’a point d’épée en achète une… », c’est l’absolution du défenseur et sa justification.
Chère Maman, puissent vos yeux s’ouvrir avant le combat qui se prépare : « Vendez votre manteau pour acheter une épée », vous obéirez à votre Maître… Amen.
9 Janvier 1937
Maman mienne,
Que Dieu te bénisse ! que Dieu te bénisse, et qu’Il vous garde ! Oh ! Maman ma chérie, chère Maman, les heures de la Terre volent, et le moment du revoir se rapproche. Ne crains rien ! Si tu te frappes la poitrine avec confusion, rappelle-toi que Christ est mort « pour ceux qui ont besoin de médecin, et que le pardon habite au milieu de vous.
Je ne peux rien vous dire sur les évènements futurs de la terre fratricide, car Dieu n’a pas voulu que l’homme connaisse l’Avenir, qu’il soit entouré de joies ou tissé de douleurs. Mais souviens-toi que votre Pierre se tient spirituellement à vos côtés, et que « ni la mort, ni la vie ne peuvent séparer les fils de l’amour que leur Père leur a témoigné en Christ ». Qu’importe donc ? Oui, Maman chérie, nous souffrons pour ceux qui nous sont chers et pour la Patrie terrestre que nous avons aimée du plus grand amour. Mais nous ne savons plus discuter avec Dieu, car il est Amour, Amour, Amour. Devant un tel amour, la souffrance se recueille… elle doit se recueillir. Je dis cela pour vous, car nous ne connaissons plus le désespoir de la souffrance incomprise, et nous aussi, comme notre Sauveur, nous souffrons par amour…seulement par amour. Ainsi donc, ma pauvre bien-aimée, arrache de ton cœur cette écharde que tu appelles « notre déception » car, désormais, la « lumière du Monde», Christ, rayonne autour de nous : il n’y a plus d’ombre, plus de chemins obscurs, …tout est lumineux, par l’Amour et dans l’Amour.
Courage, courage !
Ton Pierre, Soldat de France, soldat du Christ