"Autres textes"
Dans cette rubrique, j’aimerais faire partager aux personnes qui ont la gentillesse de parcourir ce site, quelques beaux textes qui, au début, ont un peu pansé mes « plaies », du moins m’ont fait avancer sur la voie de la guérison, guérison qui, certes, ne sera jamais complète, car qui peut dire que l’on guérit ou que l’on guérira un jour d’une perte aussi cruelle que celle d’un enfant ?...
Ne pleure pas si tu m'aimes
La mort n’est rien,
Je suis simplement passé de l’autre côté…
Je suis moi, tu es toi.
Ce qui nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné,
Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
N’emploie pas un ton différent,
Ne prends pas un air solennel ou triste.
Continue de rire de ce qui nous faisais rire ensemble.
Prie, souris, pense à moi, prie avec moi…
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans
emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre.
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié,
Elle reste ce qu’elle a toujours été : le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de ta pensée ? Simplement parce que je suis hors de ta vue ?
Je t’attends ; je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin
Tu vois, tout est bien…
Ne pleure pas si tu m’aimes. Si tu savais le don de Dieu et
ce que c’est que le ciel. Si tu pouvais d’ici entendre le chant
des anges et me voir au milieu d’eux !...
Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les horizons et les champs
éternels, les nouveaux sentiers où je marche !...
Si un instant tu pouvais contempler comme moi la Beauté devant laquelle
toutes les beautés palissent !...
Quoi ! Tu m’as vu, tu m’as aimé dans le pays des ombres et tu ne pourrais
Ni me revoir ni m’aimer encore dans le pays des immuables réalités !
Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux
Qui m’enchaînaient, et quand un jour que Dieu connaît et qu’Il a fixé,
Ton âme viendra dans le ciel où l’a précédée la mienne,
ce jour-là tu reverras celui qui t’aimait et qui t’aime encore,
tu retrouveras son cœur, tu en retrouveras les tendresses épurées.
Essuie tes larmes et ne pleure pas si tu m’aimes.
Selon Saint Augustin
Etre fidèle à ceux qui sont morts
Etre fidèle à ceux qui sont morts,
Ce n’est pas s’enfermer dans la douleur.
Il faut continuer de creuser son sillon droit et profond,
Comme ils l’auraient fait eux-mêmes,
Comme on l’aurait fait avec eux, pour eux.
Etre fidèle à ceux qui sont morts,
Et les faire vivre avec nous,
Et transmettre leur visage, leur voix,
Leur message aux autres,.
A un fils à un frère, ou à des inconnus,
Aux autres quels qui soient.
Et la vie tronquée des disparus
Alors germera sans fin…
Pleure la mort
Comme on pleure pour un départ
Mais non comme on pleure la mort.
L’âme ne meurt jamais elle part
Et redevient un oiseau libre
Qui s’élance et vibre
Dans l’infini absolu.
Si tu l’aimes, qu’un désespoir insensé
Ne l’enchaîne plus
A cette terre où elle ne faisait que passer.
Pleure la mort
Comme on pleure pour un départ
Mais non comme on pleure la mort.
Les morts ne sont pas morts, les morts vivent encore
Leurs tombes sont vides n’enfermant que des corps
Certains ont choisi l’ombre, ils errent et ils souffrent
Attendant un appel pour sortir de leurs gouffres.
Les autres que l’amour a libérés d’eux-mêmes
Je les sais près de nous et je sais qu’ils nous aiment.
Ne vous lamentez pas, ne pleurez pas sur eux
Dans la lumière du cosmos ils sont heureux.
Les morts ne sont pas morts ; ils sont nés à nouveau
Ils sont dans un jardin et non dans un tombeau
Dans cet ailleurs si proche ils nous voient, nous entendent
Ils ne nous oublient pas, je sais qu’ils nous attendent
L’ami attend l’ami, l’amante attend l’amant
Et le fils sa mère et la mère ses enfants
Ne vous lamentez pas, près du fleuve de vie
Ils oublient l’errance des âmes asservies.
Les morts ne sont pas morts, ils sont près de vous
Je sais des soirs troublants où ils viennent vers nous
Leur vie est un firmament ruisselant d’étoiles
Chaque étoile est une âme évadée de sa toile
Ils ont si soif encore d’un amour infini
Pensez à eux car la vraie tombe c’est l’oubli
Ne vous lamentez pas, les pleurs sont des prières
Mais vos douleurs en font des âmes prisonnières.
Les morts ne sont pas morts un soir ils me l’ont dit.
L'envolée d'une âme
Mère, sèche tes pleurs, ton enfant te regarde !
Relève ton beau front alourdi de douleur,
Un souffle autour de toi se complaît et s’attarde,
C’est mon Ame qui cherche à consoler ton cœur.
Je viens faire cesser ce mensonge terrible
De la mort que l’on veut allier au néant,
Et malgré qu’à tes yeux je demeure invisible,
Je te clame bien haut : « Mère, je suis bien vivant ! »
Mère, écoute ma voix, que ton chagrin s’apaise,
Je suis à tes côtés, je suis à tes genoux,
Je caresse ta main et tendrement je baise
Les fils blancs que je vois dans tes cheveux si doux.
J’accours lorsque je sens que ta marche défaille,
N’ayant pas oublié mon rôle de soutien,
Pénétré de fierté, je te prends la taille
Jusqu’à ce que ton pas se règle sur le mien.
Et je quête en retour sur ta face pâlie,
Un sourire éclairé de lumière et d’espoir,
L’admirable rayon que jadis en ma vie
J’ai tant de fois senti sur mon berceau le soir.
Mère, n’accuse pas la divine puissance
Qui t’a repris le fruit, l’objet de ton amour,
Car, pour moi, cette mort est une renaissance,
Une grande envolée au bienheureux séjour.
Les absents nous accompagnent
Où s’en vont ceux qui nous manquent ? Nous accompagnons leurs corps jusqu’en terre et puis après ?... Nous fleurissons leur mémoire, nous leur parlons comme s’ils étaient encore là, quelque part, inaccessibles mais présents, bienveillants et sages. Que ne dirait-on pour une réponse, un conseil de leur part, un mot pour dire… « Je veille sur vous ? » Et il nous suffit de les évoquer pour qu’ils nous sourient dans notre plus beau souvenir, de leur visage le plus lumineux. Nos absents nous accompagnent. On ne peut rien leur cacher puisqu’ils nous regardent avec nos propres yeux. C’est une étrange et intime conviction que l’on ne peut partager qu’avec ceux que l’on aime, dans la confiance de n’être pas raillé, au contraire, conforté.
Ceux qui nous manquent remplissent le vide de leur absence par une présence silencieuse et tendre. Toujours disponibles, ils sont auprès de nous, derrière nos paupières closes, dans les moments de doute ou de peur, dans les joies profondes. Dans la douleur de les avoir perdus, il y avait cette impuissance à les retenir, à les aider, à les accompagner. Dans le chagrin de leur absence, on a le sentiment d’être guidés par eux, de leur conférer un rôle qu’ils n’ont ainsi jamais perdu. En fermant les yeux, ils nous laissent leur regard, à la façon d’une boussole. Peut-être ont-ils besoin, eux aussi, de nos pensées, de nos lumières pour éclairer leur route ? Le chagrin n’est que le revers de l’amour. Qu’il serait « triste de n’être plus triste sans eux… »
Au Panthéon de nos cœurs, nos absents ont toujours raison. Si l’on devait faire le portrait du bonheur, il aurait parfois le visage du chagrin, et la quiétude bienveillante de ceux qui nous ont quittés mais qui veillent sur nous tendrement. C’est une image apaisante pour s’endormir, pour s’orienter, ou se perdre dans leur sourire. Il y a un peu d’infini dans cet amour-là. Ceux qui nous manquent semblent si sereins, si proches, comme en apesanteur… Est-ce qu’ils trouvent en nous leur chemin vers ailleurs ? Alors les vivants deviendraient la maison de ceux qui les ont aimés. Et un jour s’ils n’existent plus pour personne, auront-ils vraiment disparu ?
Se sentir aimé de son vivant, c’est savoir quelque part un après, un moyen de poursuivre la route ensemble. L’absence n’est pas un vide. C’est aussi de l’amour qui nous accompagne. Servir encore, être utile à quelqu’un… Un beau destin pour nos absents…
Yves Duteil
Les enfants qui partent à l'aurore
Les enfants qui partent à l’aurore, où s’en vont-ils ?
A quel mystérieux appel n’ont pu résister leurs jeunes destinées ? Qu’ont-ils fait de notre amour et de ses prières ?
La nuit illogique n’a pas laissé l’aube enfanter le jour. Quelques pas à peine séparent parfois le berceau de l’abîme. Le temps est court entre le sourire que l’on berçait encore hier et le ciel muré d’une tombe. Le ruisseau ne saura rien de tout ce que lui promettaient ses rêves. La caresse rude des rochers, les baisers des herbes et des feuilles, la course sur le torse des montagnes et sur le satin indolent des prairies. Né à peine, l’océan l’a déjà englouti.
Les enfants qui partent à l’aurore nous laissent avec nos baisers éperdus et le poids de nos tendresses inutiles. Ils nous laissent avec cet amour qui nous broie, qui traîne ses croix et ses remords. Nos baisers perdus et nos regrets qui eux ne s’égarent jamais.
Et l’on nous dit : « La vie va et comme elle va nous devons aller avec elle ». Mais nous, avec l’obstination des pauvres gens qui n’entendent rien au fracas de leurs destins anéantis, nous nous demandons : « Qu’importe le chemin qui mène jusqu’au soir si nous devons marcher sans notre enfant ? » Celui qui vole nos enfants vole aussi la saveur des fruits du jardin de la terre, il vole l’espérance des étoiles et l’insouciance des heures. Et il fait du ciel un marbre froid où glissent nos prières. Nos prières qui les entend ? Qui les entendra jamais ?
Si le ciel entendait les prières d’une mère, le marbre se briserait et son enfant reviendrait. Les enfants qui partent à l’aurore pleurent-ils en pensant à nous ? Non, écoutez-moi, derrière le voile, les enfants sourient. Ils n’ont plus peur, ils n’ont plus mal. Ils ont laissé leurs larmes aux portes du ciel. Ils les ont abandonnées sur nos joues.
Là-bas, les enfants ne savent que le rire. Le rire des joueurs d’étoiles, funambules sur les arcs-en-ciel. On ne pleure pas quand on joue sur les dunes de lumières qui ondoient jusqu’à l’infini. Lorsque l’on sait que l’infini ne s’ouvre pas sur le néant mais sur d’autres horizons, un autre azur, d’autres chants, d’autres amours.
Le temps des anges est plus court que celui des humains car les anges ne sont pas ici chez eux. C’est la raison pour laquelle ils sont voyageurs d’aurore.
Quand tu franchiras le temps des larmes et de la révolte, tu entreras dans la clarté que cet ange t’a laissée et que tu ne vois pas encore. Alors tu grandiras jusqu’à atteindre l’heure qui te conduira à lui.
Vos enfants sont heureux. Ils jouent à la marelle sur les pavés du ciel, mais sur leur marelle il n’y a plus d’enfer. Ils sont heureux. Ils courent en riant sur le sable bleu mouvant du firmament. Leur pas n’est pas indécis, ni leur vol hésitant au-dessus des fougueux océans, des torrents et des volcans, au-dessus de l’estuaire du temps où s’en vont nos destinées.
Vos enfants vous parlent. Ne les entendez-vous pas ? Ils vous disent : « Si tu m’aimes ne doute pas que je vis encore. Je suis vivant. Ne sens-tu pas ma main qui caresse ton visage ?
Ne sens-tu pas le souffle de mes baisers sur tes cheveux ? Il n’y a pas de tendresse inutile, aucun de tes baisers n’est perdu puisque je les cueille… A présent, c’est moi qui veille sur toi. La vie est un berceau et c’est nous, vos enfants de là-bas, qui nous penchons sur vous. Quand tu n’entendras plus ta détresse, c’est ma voix enfin que tu percevras. »
Les enfants qui partent à l’aurore ne sont pas les enfants de la nuit.
Ils sont dans l’âme du jour.
Pour nous, les saisons s’enfuient et nous croyons qu’elles nous entraînent vers le soir, vers un horizon de pauvres espoirs. Nous n’allons pas vers le soir mais vers l’aurore de nos enfants.
Ils nous attendent puisqu’ils ne nous ont jamais quittés.
Dans l’aurore de nos enfants, il y a notre propre éternité.
Jean-Paul Sermonte
Mère sublime
Ma petite fille, mon unique enfant allait mourir. Elle avait dix-sept ans. La vie se retirait de cette petite flamme téméraire, mais si fatiguée, exténuée. Les pleurs et les prières, les supplications ne pouvaient empêcher ce crime, cette aberration. Les enfants doivent venir au monde pour vivre, grndir et s’épanouir, pourquoi certains d’entre eux repartent-ils aussi tôt ? Pourquoi meurent-ils avant leurs parents ? Au nom de quel ordre, de quelle justice ? Pourquoi la logique divine nous est-elle si incompréhensible, si abominable ? Ma fille, mon eau-vive ressemblait à présent à un lys coupé, déposé sur un lit de douleur. On voyait à travers son visage transparent et ses mains fines, trop fines, la vie s’en aller, inexorablement.
Dans le couloir de l’hôpital, le médecin avait posé sa main sur mon épaule : « Madame, soyez forte, c‘est la fin, votre fille est un être admirable, un ange, elle s’accroche à la vie mais le combat est inégal… »
Avant de revenir dans la chambre, pour ne pas m’effondrer devant elle, j’allai me réfugier dans le grand parc. Les larmes que je ne versais plus se transformaient en de grands cris muets, des cris terrifiants qui demeuraient en moi, qui me dévastaient et m’emmenaient dans la folie. J’étais comme une bête rebelle et pitoyable qui attend qu’on l’achève. C’est du ciel , me semble-t’il, que devait partir le dernier coup mortel. Je voulais insulter Dieu, mais je me disais : « Pourquoi insulter ce qui n’existe pas ? L’indifférence de Dieu prouve son inexistence. »
Tout en marchant, je pris une décision : après la mort de ma fille, j’irai me noyer dans la rivière, j’irai noyer ce qui me resterait de souffrance, de blessures et de révolte, de vie qui ne voudrait plus vivre. Parvenue au pied d’un immense arbre, je m’écroulai tout à coup, je m’écriai : « Mon Dieu, pardonnez-moi de vous haïr, mais c’est mon enfant qui meurt là-bas… »Mes ongles s’enfoncèrent dans la terre, mon âme semblait devenir de marbre, un marbre lourd et glacé comme celui des tombeaux. Elle mourrait peut-être en même temps que ma fille. Seule une mère peut me comprendre, seule une bête à qui l’on tue son petit peut savoir. En tuant votre enfant, on vous tue aussi tout en vous laissant vivante. On vous brise sans vous donner la mort. Je restai ainsi, effondrée au pied de cet arbre, sans plus d’orgueil.
Une pluie fine et froide me brûlait le visage. Soudain, je sentis comme une énergie, une force invraisemblable envahir tout mon être.
Un réconfort véhément, inexplicable, choquant même, semblait parvenir de cette pluie. Etait-ce le début de la folie ? J’entendais au fond de moi, une voix. Non pas celle née de mes pensées, je n’arrivais pas à penser, mais une voix mélodieuse que je ne connaissais pas. Je me souviens parfaitement des mots qu’elle a prononcés : « Ta fille va mourir, mais tu pleures sur toi. Tu penses à ta souffrance, au vide qu’elle laissera dans ta vie, mais penses-tu à elle ? Le médecin a dit qu’elle était un ange, qu’elle était courageuse parce qu’elle s’accrochait à la vie. Mais sais-tu ce que cela signifie pour un ange de s’accrocher à votre pauvre vie ? Un ange est plus léger que la vie, il vole et ta petite fille est prisonnière de ce lit. Ce n’est pas la maladie qui la retient ici, la maladie ne peut plus rien sur elle. Ton enfant veut s’envoler mais elle reste là, pour toi. Ton désespoir, ta souffrance la retiennent par les ailes. Aide-la, si tu l’aimes, aide-la. »
Je me suis exclamée : » Mais comment une mère peut-elle demander à son enfant de la quitter, de ne plus lutter, de mourir ? » La voix répondit : » Laisse l’âme se retrouver. Fais confiance à ton amour, lui seul connaît l’inimaginable et l’inexplicable. »
Ce fut une révélation. Un voile déchiré devant mes yeux, devant mon âme. Je retournais dans la chambre de ma fille. Je demandai à être seule avec elle. Je lui pris la main et lui parlai doucement. Depuis la veille, elle n’avait pas ouvert les yeux, elle n’avait pas murmuré un seul mot. Je lui dis alors : "Ma petite fille, tu sais j’ai compris, je te le demande à présent, ne résiste pas, n’attends plus, envole-toi. Sois rassurée,, je puiserai mon courage dans le souvenir de ton courage. Ma fille, mon amour, rien ne nous a séparées, rien ne nous séparera, tu peux partir apaisée, je te le demande par amour pour moi, envole-toi vite. »
Ma fille ouvrit les yeux, je vous assure, monsieur, elle a ouvert les yeux et m’a souri. Ce fut un sourire de délivrance, de reconnaissance qui semblait dire : « Enfin ! » Elle a serré ma main, ce fut son dernier « je t’aime ».
Elle abandonna ainsi son vêtement encore si neuf pour s’habiller de lumière.
J’ai tenu ma promesse. Si je pleure parfois, ce n’est jamais par désespoir, simplement parce que son image me manque. Je n’ai jamais plus entendu la voix. Je ne cherche pas d’explication. Je crois que c’est la voix de notre amour. Je continue à vivre. Je cherche mon bonheur dans les petits sourires de la vie : un ami que l’on retrouve, un livre qui effeuille le rêve, un chemin dans l’automne, un enfant qui passe, la musique qui rend l’exil supportable, le rire d’une jeune fille…
Je n’ai pas cherché à rencontrer de médium. Mes intuitions de mère me suffisent à me faire savoir que ma fille est vivante.
Je sais qu’il n’est pas d’enfant qui parte si tôt, sans être un ange. Je me dis que j’ai de la chance qu’un ange m’ait choisie pour être sa mère dans cette vie. Ma certitude est tranquille, un jour je retrouverai ma fille. L’amour retourne à l’amour pour vivre un plus grand amour encore. Parce que je sais cela, déjà devient infime la distance qui me sépare d’elle.
« A travers l’expérience directe – et la plus douloureuse – j’ai acquis la conviction que personne ne survivrait à la disparition d’un être cher, un enfant surtout, si, au fond de l’âme humaine, ne surgissait l’intuition parfois diffuse, mais le plus souvent fulgurante, que nous ne sommes pas totalement séparés. Sans l’assurance d’une réunion possible, l’arrachement serait intolérable. Le remède à la mort, c’est de ne pas croire à l’irrémédiable… »
Extrait du livre « La troisième oreille » de Belline
Très beau poème, riche de sens, du mystique anglais William Blake qui était en relation constante avec le monde invisible :
« Je suis debout au bord de la plage,
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan.
Il est beau, il est vie. Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à mon côté dit :
‘‘Il est parti !’’
Parti ? Dans quelle direction ?
Parti de mon regard, c’est tout…
Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine. Sa disparition totale de ma vie est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit :
‘‘Il est parti’’, il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux, s’exclament avec joie : ‘‘Le voilà !...’’ »
C’est ça la mort.
William Blake