Présentation des "Lettres de Pierre".
Les LETTRES DE PIERRE ne viennent pas de la terre ; elles furent dictées par un fils qui n’était plus de ce monde au cœur de sa mère qui y demeurait encore. Tout leur enseignement pourrait se résumer dans cette phrase de l’une d’elles : «La mort ne brise rien, ni l’amour, ni la vie ». Cela nous le savons en principe. Nous le savons depuis le Christ, depuis les grands inspirés qui l’ont précédé ou suivi, mais il fallait rafraîchir nos mémoires. Il fallait renouveler les preuves de la personnalité conservée dans cet autre monde qui n’est pas tellement autre.
Mais qui était Pierre Monnier ? Un officier de 23 ans qui tomba le 8 janvier 1915 sur le front d’Argonne. Un fils unique dont la disparition fut un drame qui, pour s’être joué 1.500.000 fois, n’en fut pas moins déchirant, atroce, unique.
Le chagrin de sa mère fut à la mesure du bonheur détruit, c'est-à-dire sans mesure. Un enfant qui meurt, c’est la fin du monde. Cela peut aussi être la fin de Dieu. Tel ne fut pas le cas de Mme Monnier, sa foi ne fut pas entamée, mais dans son orthodoxie protestante trop stricte, elle ne croyait qu’à la Résurrection du Dernier Jour.
La vocation de Pierre fut justement de lui annoncer, de nous annoncer à travers elle la résurrection immédiate, la réalité de la présence des disparus, qui, bien loin de dormir, continuent à penser, à aimer, à œuvrer dans les espaces spirituels.
Ce chagrin cessa quelques temps après la mort de Pierre, lorsque Mme Monnier entendit très distinctement la voix de son fils qui l’appelait par trois fois. Elle demanda bouleversée :
- C’est toi Pierre ?
- Mais oui, Maman ! Ne crains rien, je suis vivant !
Puis la voix de Pierre se tut…
Le 5 août 1918, Pierre lui ordonne intérieurement : « Ne pense à rien ! Ecris ! » Mme Monnier regarde autour d’elle, cherche un crayon ; en voici un ! Pas de papier à lettres… juste un petit carnet de comptes. Elle le saisit et commence à tracer sans hésiter ni réfléchir, les mots suivants :
« Oui, c’est moi qui t’ai demandé d’écrire. Je crois que par ce moyen nous arriverons à communiquer bien plus facilement. Je suis si heureux de pouvoir te parler comme autrefois… Je le faisais bien, mais tu n’entends pas toujours. Il y aura parfois des idées changées dans la conception des choses ; mais certainement, plus nous écrirons, plus cela deviendra rare. J’ai des amis qui correspondent ainsi avec les leurs, couramment et constamment. Ils me conseillent d’essayer, cela se perfectionne assez rapidement. Laisse ton esprit bien vide de tout ce qui peut te préoccuper… »
Désormais, chaque jour ou presque, après avoir prié Dieu et s’être recueillie dans la chambre de son fils, Mme Monnier reçoit des communications spirituelles.
Devant la beauté de ses textes, M. Monnier, d’abord sceptique, est obligé de se rendre à l’évidence. Leur profondeur théologique, les lumières qu’ils projettent sur l’Au-delà, sur la vie terrestre, l’ampleur et le rythme de leur style, les immenses connaissances qu’ils supposent, connaissances que sa femme n’a jamais possédées, finissent par emporter sa conviction.
Dans une lettre qu’elle adressa le 8 février 1944 au R.P. Sanson, prêtre de l’Oratoire, prédicateur de Notre-Dame, Mme Monnier a fort bien expliqué comment elle recevait ses communications : La question que vous me posez en ce qui concerne les messages célestes de mon Pierre est une de celles que j’entends souvent et qui sont des épreuves dont Dieu vient interroger ma conscience maternelle. Au début de ces messages j’ai prié, ardemment prié Dieu de ne pas me laisser tromper les âmes par le fait que je me tromperais moi-même. Mais très vite, je me suis rendu compte que, pour obéir à la demande de Pierre : « Ne pense à rien, prends un crayon, écris ! » je m’annulais presque matériellement. J’écrivais sans hésitation, sans réflexion, sans savoir ce que j’écrivais. Je tiens à ajouter ceci : il n’y a dans les messages ni une pensée, ni une explication, ni une parole qui ne me soit dictée. Tout cela vient sans que mon esprit y prenne part. Je ne sais pas ce que j’écris aussi longtemps qu’il n’a pas signé : Pierre. Quand je relis, c’est une chose nouvelle pour moi du premier au dernier mot.
Les LETTRES DE PIERRE sont des messages christiques. On doit parler de message christique lorsque l’esprit qui dicte depuis l’Au-delà et l’esprit terrestre qui reçoit admettent pour vrai tout ce que nous enseigne le Christ, lumière de ce monde et de l’autre.
Le message christique est une communication donnée, non provoquée. Ce n’est pas le vivant qui évoque, c’est lui qui est évoqué. L’appel vient de l’Autre côté. Il s’agit là d’une grâce exceptionnelle accordée par Dieu à certains disparus et à certains survivants. La grâce, c’est le don gratuit, c’est le libre-arbitre de Dieu. Il donne à qui Il veut et quand Il veut.
Tous les esprits libérés ne se manifestent pas. L’obstacle peut venir d’eux, il peut venir aussi de nous. Ils se manifesteraient davantage si nous étions plus réceptifs, plus attentifs aux signes, moins attachés à la matière.
Certains mots se rencontrent constamment sous le crayon du scripteur : initiation, travail,
mission. Il résulte des messages de Pierre, et de tous les messages, qu’on est très occupé de l’autre côté : « La vie des Ressuscités n’est pas un doux farniente, mais une activité constante. Cette activité ne se produit pas dans l’arbitraire et le décousu d’une liberté mal comprise. »
Comme cette liberté est bien comprise, ils demandent à servir dans tel ou tel secteur correspondant à leur vocation : « Chacun selon ses aptitudes, est admis à choisir ses occupations, sa mission. »
Pierre explique à ses parents que c’est lui qui a désiré revenir vers eux, c’est lui qui a sollicité la mission de les apaiser, de les instruire, « en leur dévoilant la puissance et l’immortalité de l’Amour. »
L’œuvre de Pierre, c’est comme un grand tableau de la Renaissance, où la magnificence des couleurs s’allie à l’exactitude, à la rectitude du dessin, où le symbolisme mystique de l’ensemble s’appuie sur le réalisme honnête du détail. Symbolisme mystique, magnificence des couleurs, c’est (ou c’était) le catholicisme, réalisme honnête, exactitude et rectitude du dessin, c’est (ou c’était) le protestantisme.
Pierre dit aux Protestants : « Pensez à vos anges gardiens, n’oubliez pas la mère du Christ, n’oubliez pas les saints. Croyez en la Présence réelle et en la réalité du Purgatoire. Ne méprisez ni les mérites, ni les œuvres. Apprenez à faire le signe de croix et surtout priez pour ceux que vous appelez les morts. »
Il dit aux Catholiques : « Lisez, sondez les Ecritures. Que vos prières ne soient pas de vaines redites. Ne vous encombrez pas de colifichets. Que votre Oui soit Oui, que votre Non soit Non ! »
L’œcuménisme, à l’ordre du jour depuis les années 60 était déjà réalisé au cours des années 20, dans les communications de Pierre. Rendons grâce à Mme Monnier de n’avoir retranché aucun de ses passages qui confirmait la doctrine catholique au détriment de sa foi protestante.
L’œcuménisme est aussi réalisé, intégralement réalisé, parmi les chrétiens qui lisent, méditent et diffusent les messages de Pierre. Lui-même eut le net pressentiment que les 2880 pages dictées à la ferveur de sa mère ne sombreraient pas dans les sables de l’oubli. Il savait qu’un jour viendrait où son œuvre « jetée comme une semence sur la plaine de l’indifférence des chrétiens serait confiée à la douce lumière du soleil de Dieu. »